Sortie : 1939, Chez : Gallimard / Folio 435.
Les premiers écrits autobiographiques de Michel Leiris (1901-1990), écrivain et ethnologue, composent « L’âge d’homme ». On y traverse les trente premières années d’une vie d’intellectuel né avec le XXème siècle, épris d’observation, de réflexion et de culture. Leiris arrive à rendre intéressant ce qui… ne devrait pas l’être. Il s’agit d’une succession de faits ordinaires qui enclenchent des pensées qui se révèlent extraordinaires, déclenchent des références à des actes et des personnages de la mythologie antique, ou à des œuvres de la littérature ou de la peinture.
Le style est littéraire, tout en douceur, détaillé d’une façon simple et non pesante, descriptif tout autant que réflexif, et se lit dans une totale fluidité. Evidemment l’exercice est fortement égocentré mais c’est un peu le propre du métier d’écrivain, surtout ceux qui, comme Leiris, auront consacré l’essentiel de leur œuvre à l’autobiographie. La période couverte par ce livre se termine sur une cure psychanalytique dont la publication de « L’âge d’homme » fut, semble-t-il, une étape clé.
Il avait déjà rédigé « L’Afrique fantôme » en 1934, journal d’une expédition ethnologique à travers le continent noir et qui s’est aussi, et surtout révélé, comme un monument de l’autobiographie dont Michel Leiris est un grand artiste du genre.