Dans un dîner en ville, les convives notent un récent article paru dans le journal Le Monde ce 8 juin sur « La France heureuse, la France qui va bien, et si c’était elle, la majorité silencieuse ? » qui détonnerait dans le pessimisme ambiant d’un pays passant beaucoup de temps à se lamenter sur son sort et à critiquer ceux qui le gouvernent. Le reportage est centré sur une ville de Mayenne, Château-Gontier, qui a l’air en pleine forme économique et morale. Excellente nouvelle !
Comme souvent, le discours pessimiste, rabâché par un système médiatique plus concerné par le scoop que par l’information, pénètre les esprits qui en oublient de s’informer à la source. Les chiffres de l’INSEE montrent que le produit intérieur brut (PIB) de la France est passé de 363 milliards d’euros en 2000 à 593 en 2018.
Le pays s’est donc enrichi de plus de 60% en 18 ans. Même retraités de l’inflation, des marges d’erreur statistiques et de l’âge du capitaine, ces chiffres confirment une augmentation de la richesse nationale créée par le travail et la production de tous. Bien sûr il y a des inégalités en France et tout le monde n’a certainement pas profité dans la même proportion de cet enrichissement mais il n’est pas intégralement tombé dans les poches des grands capitaines du CAC40 qui ne sont que… 40, il a aussi diffusé dans le pays, et dans la ville de Château-Gontier, entre autres. La France est malgré tout un des pays où la redistribution entre « riches » et « pauvres » est la plus importante par le biais des dépenses sociales financées par l’impôt. Si l’on veut encore augmenter cette redistribution, il suffit de le décider. Le budget voté annuellement par le parlement est là pour ça.
La série ci-dessus s’arrête à fin 2018 et il est probable que la crise sanitaire actuelle marquera un freinage en 2020 comme elle fait apparaître un recul après la crise financière de 2008, recul qui a été absorbé en deux ans. La nature sanitaire de la crise de 2020 devrait permettre une reprise encore plus rapide une fois l’orage passé. Mais cette fois-ci encore cette crise a profité à de nombreux secteurs, et pas qu’aux entreprises du numérique. Demandez-donc son avis à votre boucher ou votre poissonnier… On entend beaucoup les secteurs défavorisés par la crise, ceux de la culture par exemple, mais leur présence médiatique est souvent largement supérieure à leur importance dans l’économie. Ceux qui se portent bien restent silencieux et font le dos rond. C’est l’habituelle comédie humaine régie plus par les rapports de force que par la réflexion.
Il y a une « France qui va bien » mais dans le domaine économique comme dans celui des idées sociétales la « majorité silencieuse » est… silencieuse. Les commentateurs seraient donc bien avisés d’aller consulter les statistiques économiques de l’INSEE pour illustrer leurs analyses et enrichir les radiotrottoirs dans lesquels Mme. Michu détaille son mal de vivre et celui de sa « minorité agissante ».