Daniel Bouton, président de la Société Générale, jette l’éponge et démissionne, cette fois-ci pour de bon. Ancien fonctionnaire de la République il n’a finalement été ni meilleur ni moins bon que ses coreligionnaires ou ses employés, il a simplement été plus voyant. Il y a une vidéo repassée en boucle ces derniers temps par les télévisions qui le montre dans une réunion en train de rallumer un gros cigare coincé entre ses dents, serrées dans un rictus pour tenir la bête. Ces images lui ont fait autant de mal que ses stock-options.
Il a participé à la grande fête financière de ces dix dernières années, attisant les illusions auxquelles il a sans doute cru, que le monde serait financier ou ne serait pas. Il a mangé dans la même soupe que toute la communauté financière, il l’a même aussi servie d’ailleurs. Il a réussi à maintenir sa banque indépendante ce qui n’est pas le plus mince de ses exploits. Il l’a sauvée après la découverte de l’escroquerie de Kerviel le trader-fraudeur. Mais il aurait bien voulu rester encore quelques années dans son fauteuil car lorsque l’on a goûté aux charmes des hauteurs il est bien difficile d’en redescendre.
Dans sa lettre adressée au personnel il explique que les attaques personnelles dont il est l’objet en permanence lui sont insupportables et risquent de nuire à la banque. C’est vrai, à force d’être trop voyant et de rallumer ses cigares devant les caméras il est devenu le symbole de tous les excès du capitalisme financier et la cible préférée des médias et gouvernants. En ces temps de débâcle mondiale il a tellement incarné le patron arrogant repu de rémunération à 6 zéros que le petit monde des internautes et autres blogueurs en est venu à l’exécrer quand dans le même temps il glorifiait Kerviel le trader-fraudeur. Déplorable inversion des rôles mais résultat prévisible d’un comportement général du monde de la finance.
Il se retire, c’est correct de sa part et utile pour son entreprise. Il ne sera pas irremplaçable, la Société-Générale vivra après Bouton.