Le Mali expulse l’ambassadeur de France

Dans le cas où les messages délivrés ces dernières semaines par Bamako n’auraient été suffisamment clairs, le Mali y apporte une touche finale et vient d’expulser l’ambassadeur de France au motif de déclarations de ministres français qui critiquaient le gouvernement local. Après l’expulsion des militaires danois de la force multinationale en place dans le Sahel pour lutter contre le terrorisme, la demande malienne de renégociation des accords de coopération militaire avec Paris et les manifestations anti-françaises, la France (et certains de ses alliés européens) se retrouve dans une position intenable où elle mène des opérations de combat dans un pays qui ne veut pas d’elle.

Il faut admettre que le gouvernement de satrapes galonnés maliens est plutôt habile à la manœuvre et va probablement obtenir satisfaction avec un retrait probable, sinon souhaitable, des forces étrangères agissant sur son territoire. Il applique des mesures qui montent progressivement en puissance et de façon plutôt discrète et efficace, pas de grands discours vengeurs, peu de communication agressive mais des actes. La prochaine mesure pourrait être l’expulsion des citoyens français résidant sur son territoire, mais nous n’en sommes pas encore là. Paris n’a guère de mesures de réciprocité à appliquer, l’ambassadeur du Mali ayant déjà déserté la France il y a plusieurs mois. Et si jamais une mesure d’expulsion des Français du Mali était décidée, Paris serait techniquement incapable de faire de même avec les citoyens maliens résidant en France. C’est ce qu’on appelle un conflit asymétrique, le plus fort n’est pas forcément celui que l’on croit.

Ça y est, la France est significativement embourbée au Mali, et même dans les pays avoisinants qui, certes, manifestent un peu moins d’hostilité pour le moment, mais la situation pourrait rapidement changer si l’on en juge par l’épidémie de coups d’Etat militaires qui se répand dans la région. La situation est quasi-inextricable. Paris a annoncé vouloir réfléchir deux semaines avant d’arrêter une position avec ses partenaires européens sur la poursuite ou non d’opérations militaires dans les pays du Sahel et, si par malheur la réponse était positive, dans quelles conditions et à partir de quelles bases.

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Devant le mur des réalités, l’heure de la retraite va bientôt sonner pour la France et le Mali prendra la route de son destin avec des Russes, des Chinois, des djihadistes, des Touaregs ou qui que ce soient d’autres, mais en tout cas sans la présence embarrassante de l’ancienne puissance coloniale. Il était temps…

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