En ces temps de prix élevés de l’énergie, le pouvoir français se met en tête de sensibiliser les citoyens pour réduire leur consommation d’énergie. On se croit revenu en 1973 lorsque Pierre Messmer, premier ministre de Pompidou, lançait la campagne « antigaspi » à la suite du choc pétrolier : limitation de la vitesse sur les routes (90 km/h sur les routes et 120 km/h sur les autoroutes), suspension des courses automobiles et des rallyes, interdiction de la publicité lumineuse la nuit, réduction des heures de diffusion de la télévision publique, etc. C’était il y a près de 50 ans ! Aussitôt les surcoûts du pétrole absorbés par les utilisateurs, ils se sont empressés d’oublier ces mesures restrictives qu’il n’aurait pas été inutile de maintenir, que ce soit pour des considérations écologiques ou plus simplement pour favoriser le « pouvoir d’achat » des consommateurs. Quand on roule à 120 km/h on brûle moins de carburant qu’à 130 et on dépense moins de sous.
Nouvelle crise aujourd’hui élargie à l’ensemble des sources d’énergie et le gouvernement ressort des mesures similaires en ajoutant la nécessité de chauffer les bureaux et les logements en hiver à 19° au maximum. 5 décennies plus tard les mêmes causes produisent les mêmes effets, gouvernement et citoyens redécouvrent qu’en chauffant à 19° on dépense moins qu’à 21°, quitte à se couvrir un peu plus lorsqu’arrivent les frimas de l’hiver.
La morale de cette histoire est que seule la hausse des prix est susceptible de changer les comportements des consommateurs. Les plans « antigaspi », les slogans sur la sobriété et autres discours écologiques ne sont que billevesées, oubliées aussitôt la crise passée La seule façon de faire baisser la consommation d’énergie est d’augmenter ses prix. Ce n’est qu’aux pieds du mur que les consommateurs ajustent leurs achats.
Cela dit, la France étant un pays fortement redistributif, il n’est pas interdit ensuite de prendre dans la poche des uns pour aider ceux qui ne peuvent pas faire face aux prix actuels de l’énergie. C’est ce qui est fait aujourd’hui l’Etat avec les différents boucliers tarifaires mis en place, consistant à faire payer par les contribuables ce que les consommateurs ne peuvent ou ne veulent pas payer. L’exercice a ses limites et il convient de la manipuler avec subtilité pour laisser le signal-prix jouer son rôle : celui de la baisse de la consommation.