La guerre d’Afghanistan fait des morts

Dix soldats français sont tués en Afghanistan, victimes de cette guerre de l’ombre. Il est probable qu’elle sera perdue par l’Occident qui devra un jour quitter le terrain la queue basse, comme de la cuvette de Dien Bien Phu, comme du djebel algérien, comme du Vietnam, comme de l’Angola, comme du Mozambique, comme bientôt de l’Irak. Alors autant anticiper le départ. Les soi-disant experts glosent dans la presse que : « on ne peut pas gagner cette guerre et on ne peut pas partir. » Belle expertise.

Il est très probable que les talibans vont revenir au pouvoir en Afghanistan. Bien sûr ce régime va à l’encontre de toutes les traditions démocratiques occidentales, mais cela pose-t-il véritablement un problème à la grande majorité de la population locale ? Les efforts déployés à coups de milliards de dollars et d’armées sophistiquées depuis 2001 montrent leurs limites : le gouvernement local ne contrôle que la moitié de Kaboul, le reste du pays n’est que chefs de guerre et champs de pavot, luttes tribales et misère montagnarde. Et puis, lorsqu’un semblant de multipartisme a plus ou moins été instauré dans les années 90, on a vu ce que cela a donné : guerre civile et mises à sac généralisées, forbans, religieux et chefaillons s’en sont donné à cœur joie pour ramener le pays à l’âge de pierre. Alors pourquoi insister ? Ne serait-il pas plus efficace de laisser les choses suivrent leur cours naturel, et lorsque le flot déborde de son lit, intervenir pour canaliser les excès ?

Le PS monte au créneau sur le thème pas de polémique, tous derrière notre armée, mais je vous l’avais bien dit. Lorsqu’on lui rappelle (c’est Moscovici qui a brillé sur ce coup-là) que c’est le gouvernement Jospin qui a décidé l’envoi de soldats français en Afghanistan, le Mosco se rattrape en précisant qu’il parlait de la décision d’envoyer des renforts, prise par Sarko. Quelle faux-jetonnerie, comme si ces morts étaient liés à la présence de renfort !