Un joli film de Nanni Moretti qui se met en scène lui-même dans « Vers un avenir radieux » dont il est l’acteur principal, Giovanni, réalisateur. Le film raconte le tournage d’un film par Giovanni au sujet d’une cellule du parti communiste italien en 1956 (cellule « Antonio Gramsci ») alors que les grands-frères soviétiques envahissent le « peuple frère » de Hongrie.
Dans le même temps le réalisateur se montre embourbé dans les problèmes financiers de sa production, la psychanalyse de sa femme qui n’arrive pas à se séparer de lui, sa fille qui lui annonce son projet de mariage avec l’ambassadeur de Pologne de trois fois son âge, le monde du cinéma qui évolue au-delà de ce que Giovanni peut comprendre avec notamment un moment hilarant où une productrice Netflix lui annonce que son film est bon mais manque de moments « what the fuck! ». Les yeux ronds désespérés qu’ouvre Giovanni devant cette remarque attestent de son décalage avec le monde moderne dont il commence à prendre conscience.
A défaut de se satisfaire du présent, il se jette à corps perdu dans le passé évoqué par son film dont il reprend la fin pour la rendre heureuse : le chef de la cellule « Antonio Gramsci » au lieu de se suicider devant la félonie du grand frère soviétique va prendre la tête d’une rébellion communiste pour forcer le PCI à prendre position contre l’invasion soviétique de la Hongrie de 1956. La vraie vie fut toute autre…
Le film est délicieux et amère. L’humour de Moretti est toujours désopilant pour aborder les sujets légers comme tragiques. C’est le portait d’un septuagénaire et le tableau d’une époque qui s’effacent doucement, sans drame, avec l’élégance italienne.