Sortie : 2021, Chez : Editions Gallimard – folio 7238.
Avec « La volonté » le romancier Marc Dugain (né en 1957) s’éloigne (un peu) de la fiction pour le récit, celui de la vie de son père et de la relation agitée qu’il partagea avec lui. Fils d’un marin breton qui passe plus de temps en mer qu’à la maison et d’une mère austère, ce père est frappé par la poliomyélite alors que, adolescent durant la seconde guerre mondiale, il est déjà actif dans la résistance.
Il mène alors un long combat contre les effets de cette maladie qui lui paralyse les deux jambes. Il va en récupérer une et réussira à mener une vie physiquement à peu près normale, à force d’énergie et de volonté. Il se marie avec la fille d’un grand invalide de guerre et ensemble ils partent en Nouvelle-Calédonie (il est ingénieur spécialisé dans l’étude des minéraux) puis au Sénégal où ils auront leur deux enfants. Ils fuient ainsi leurs deux familles à l’amour pesant, et pour assouvir leur envie de grands espaces et le besoin d’une vie hors de la norme.
Ce livre est surtout l’histoire émouvante d’une relation complexe entre un père exigeant qui a connut la guerre et son fils aîné Marc, enfant des trente glorieuses et de l’apparition de la consommation de masse. Beaucoup d’incompréhension, parfois de violence, de longues périodes d’incommunicabilité et de séparation. Puis l’intervention affectueuse d’une marraine va apaiser l’adolescent Marc qui va retrouver le dialogue avec son père et faire émerger l’amour filial qui se dissimulait sous la révolte. Marc accompagne son père jusqu’au bout sur son lit de mort. Il va ensuite de rapprocher de sa mère, autour du souvenir de cet homme qu’ils ont passionnément aimé tous les deux, sous un jour différent.
Dugain déroule la vie de sa famille à travers la grande histoire et décrit l’existence des siens comme un roman plus qu’un récit en précisant en avant-propos :
La plus belle des fictions est celle qu’on entretient sur ses proches dans des souvenirs qui jalonnent une mémoire flottante. Ce n’est pas la biographie d’inconnus, c’est un vrai roman.
Cet hommage brûlant aux anciens lui a forgé la conviction que nous sommes aussi et surtout ce qu’ils nous ont transmis. Il laisse ce livre émouvant à ses petits-enfants pour qu’ils sachent de qui ils viennent. C’est un noble ouvrage !