Bob Denard est mort. Tour ceux qui ont mené « carrière » en Afrique ont entendu parler de ce mercenaire plus ou moins commandité par la République, mais pas toujours. Au Bénin où il avait sévi en 1977, Il tenta de renverser le pouvoir marxiste de Kérékou. L’affaire s’était terminée en débandade ; Denard et ses pieds nickelés étaient débarqués de deux avions posés en douce sur l’aéroport de Cotonou desquels ils avaient sorti une ou deux Jeeps montées par quelques ex-légionnaires préretraités, attaqués par le cholestérol. Tout ce petit monde avait défouraillé de vieilles Kalach, tiré quelques chargeurs, et devant la résistance inattendue de la valeureuse armée béninoise, s’étaient repliés piteusement dans leurs aéroplanes quelques heures après leur arrivée. Fin de l’histoire. 30 années plus tard, Kérékou était toujours au pouvoir après avoir renoncé à ses idées marxistes-léninistes (que les Béninois qualifiaient de « laxistes-bénénistes » !) et s’être fait démocratiquement élire par le peuple reconnaissant. Bien entendu, durant toutes ces années, le haut fait d’arme de l’armée populaire contre le mercenaire postcolonial avait gentiment soudé le pays contre la France.
Le plus drôle c’est qu’après la désignation en 1986 de Chirac à comme premier ministre cohabitant de Mitterrand, dans un grand élan d’ouverture et de rénovation, il avait rameuté autour de lui les vieux caïmans de la Françafrique, dont Foccart (1913-1997), déjà bien âgé, qu’il avait fait conseiller pour l’Afrique. Les expatriés français au Bénin ont donc vu débarquer à Cotonou en 1985 ou 1986, pour représenter la France à la fête nationale de l’indépendance du Bénin, éberlués, le vieux Foccart qui avait sans doute commandité le pétard mouillé Denard de 1977. Il fallait le voir écouter les discours locaux vouant aux gémonies les organisateurs du coup d’Etat, tous se terminant invariablement par « Prêts pour la révolution, la lutte continue » ! Un grand moment de politique étrangère française.