Le désespérant suivisme d’analystes financiers de rencontre

Les soi-disant analystes financiers découvrent que les Etats-Unis sont surendettés et leurs ménages les plus défavorisés engagés dans des prêts immobiliers à taux variables les menant à la faillite. Eh bien, quelle surprise ! Les Etats-Unis endettés ? On apprend ça à l’école, premier cours d’économie : la fin du Golden Exchange Standard qui dû être officialisé par Nixon dans les années 60/70 lorsqu’il a mis fin à la fiction de la libre convertibilité du dollar US avec l’étalon-or !

Alors les soi-disant analystes qui ont dû lire les livres d’économie de leurs enfants réinventent soudainement le fil à couper le beurre et matraquent les marchés financiers de leurs prévisions panurgistes. Nous sommes dans une phase de consolidation nous disent-ils. On adore lorsque les analystes financiers nous parlent de consolidation voire de correction. Cela veut dire généralement dans la langue des petits épargnants : baisse des cours que les analystes/spécialistes n’avaient pas anticipée !

Il s’agit de quoi avec cette crise du subprime ? En gros, un ménage plutôt défavorisé achète une maison au-dessus de ses moyens grâce à un crédit à taux variable à un moment où les taux sont bas. La banque qui a une créance sur ce ménage défavorisé vend sa créance à une banque d’affaires qui la transforme en titres négociables qu’elle refourgue en bourse après les avoir qualifiés d’investissement sûr puisque assis sur une propriété immobilière (hypothéquée qui plus est). Lorsque les taux montent et la valeur de l’immobilier baisse, l’emprunteur initial de peut plus rembourser son crédit et sa maison qui a baissé de valeur, saisie par le prêteur, ne peut plus compenser la créance. C’est le boxon et le château de cartes s’effondre. Nous en sommes là !

Les journaux nous ramènent leurs économistes mondains de service, les de Boissieu, Fitoussi et autres Touati qui, au sortir de leurs salons pour grands penseurs, nous gratifient de formules majeures telles que :

Le marché cherche ses repères : il va rester très volatil dans les jours voire les semaines à venir.

Bon, nous voilà bien avancés.

–           Eh bonjour Monsieur le Marché ! Comment ça va ce matin ?

–           Ah, pas bien fort Mme. Michu, pas bien fort ! Je cherche mes repères figurez-vous. Je les ai perdus et je ne sais plus où les retrouver. Que vais-je donc devenir sans mes repères Mme. Michu ?

–           Ahhhhhhhhh ! Mon pauvre Monsieur le Marché, allez donc voir au bistrot chez Dédé, je crois que vous trouverez vos repères au comptoir. En attendant j’vous mets une livre de carottes, ça favorise la réflexion ?

« Le marché cherche ses repères… » !!! On croit rêver !!! Comment peut-on commettre d’aussi irréparables platitudes ? Mais bougres de têtes de nœud c’est vous les analysants qui êtes censés jalonner le chemin du marché des repères nécessaires à sa bonne compréhension par les investisseurs, petits et grands, tels les lampadaires au bord d’une route qui développent leurs halos de lumière rassurante et salvatrice. Il y a quelques données basiques qui devraient germer dans vos cranes d’œuf : quand tout un système repose sur l’endettement et que personne n’épargne, c’est risqué et donc pas durable, et d’une ; deuxio, les bénéfices ne peuvent pas croître indéfiniment plus vite que les ventes, sinon le plancher rejoint le plafond et on se retrouve en bouillis au milieu. Ce n’est pas compliqué quand même ! Mais si le marché cherche ses repères alors évidemment l’analyste est désorienté et n’a plus la tête à consacrer à des choses simples.

Heureusement qu’ils ont fait des études supérieures ces économistes aux petits pieds. Les uns pronostiquent une baisse des taux quand les autres prévoient leur envolée. Cela relève du Café du Commerce du coin de la rue au départ du quinté-plus de Longchamp. Le maquignon dans son marché à bestiaux de la France profonde a probablement une meilleure appréhension du capitalisme réel que ces divas en voitures de luxe.

En attendant, Oyé Oyé petits épargnants, suivez vos intuitions et votre bon sens, non uniquement les conseils déclarés de ces ahuris médiatisés. N’oubliez pas que le marché cherche ses repères… !!!