Un possible retournement de veste français qui surprend

On apprend par un communiqué du 25/07/2024 du ministère des affairés étrangères de la République démocratique et populaire d’Algérie que la France s’apprêterait à changer de position concernant le dossier du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, revendiqué par le Maroc et dont la communauté internationale, par la voix des Nations Unies (ONU), prône depuis toujours l’autodétermination via l’organisation d’un référendum, la zone étant classée pour le moment en « territoire non autonome » par l’ONU.

L’Algérie toujours opposé au Maroc, quelque soit le sujet, s’oppose bien entendu à la reconnaissance de toute « marocanité » du Sahara espagnole et soutient, y compris militairement, le Front Polisario qui revendique l’indépendance de ce (grand) bout de désert. Jusqu’ici la France soutenait la position internationale ce qui est bien le moins pour membre permanent du conseil de sécurité des Nations Unies ! Cela lui était amèrement reproché par l’Algérie comme par le Maroc. Ces dernières années, Rabat a emporté le soutien d’un certain nombre de pays en faveur de sa revendication, dont les Etats-Unis d’Amérique du président Trump, obtenu semble-t-il en échange d’une amélioration des relations entre le Maroc et Israël. C’est sans doute cette évolution qui pousse la France à envisager de retourner sa veste sur ce sujet sensible, sans parler de l’influence en ce sens du puissant lobby marocain en France. En tant qu’ancienne puissance coloniale de l’Algérie et « protectrice » du Maroc la France n’a que des coups à prendre dans cette affaire. La position de l’ONU était la seule incontestable car validée par les membres de l’organisation. Si, comme le soupçonne l’Algérie, Paris s’apprête à prendre parti pour l’un des belligérants, c’est l’annonce d’un déluge de difficultés et d’hystérie diplomatiques pour un avantage qu’on a du mal à estimer.

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Mais ce qui reste toujours relativement surréaliste pour les citoyens français est, d’une part, comprendre de quels moyens de pression peut donc disposer le Royaume chérifien pour faire changer Paris d’avis en faveur de ses propres intérêts, et d’autre part, de constater combien Alger reste agressive, voire injurieuse, dans ses injonctions adressées à la France ! Une nouvelle fois l’ancien colonisateur devra boire le calice jusqu’à la lie…

C’est aussi la confirmation qu’en aucun cas Paris ne devrait se mêler de ce problème qui concerne deux pays tiers et ne remet pas en cause les intérêts vitaux de la nation.

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Le communiqué de l’Algérie

Le Gouvernement algérien a pris connaissance avec un grand regret et une profonde désapprobation de la décision inattendue, inopportune et contre-productive du Gouvernement français apportant un soutien sans équivoque et sans nuance au plan d’autonomie sur le Sahara Occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine. Cette décision a été communiquée officiellement aux autorités algériennes par les autorités françaises ces derniers jours. Les puissances coloniales, anciennes et nouvelles, savent se reconnaître, se comprendre et se rendre des mains secourables. La décision française relève manifestement d’un calcul politique douteux, d’un apriori moralement contestable et de lectures juridiques que rien ne conforte et rien ne justifie. Cette décision française n’aide pas à réunir les conditions d’un règlement pacifique de la question du Sahara Occidental, elle conforte une impasse, celle créée précisément par le prétendu plan d’autonomie marocain et qui dure depuis plus de dix-sept ans. Bien plus et alors même que la communauté internationale est convaincue depuis longtemps que la question du Sahara Occidental relève indubitablement d’un processus de décolonisation à parachever, cette même décision française vient en pervertir et fausser les données en donnant une caution à un fait colonial et en apportant un soutien injustifiable à une souveraineté contestée et contestable du Maroc sur le territoire du Sahara Occidental. Cette position française est d’autant plus malvenue qu’elle émane d’un membre permanent du Conseil de Sécurité sensé agir en conformité avec les décisions de cet organe d’une manière particulière et avec la légalité internationale d’une manière générale. Enfin, et alors que la conjoncture actuelle connaît une mobilisation des bonnes volontés au sein des Nations Unies à l’effet de donner un nouveau souffle à la recherche d’un règlement au conflit du Sahara Occidental, la même décision française vient s’inscrire à contre-courant de ces efforts dont elle contrarie et entrave le déploiement dans l’intérêt supérieur de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la région. Le Gouvernement algérien retient de la décision française qu’elle ne sert absolument pas l’objectif de la paix au Sahara Occidental, qu’elle aide à prolonger une impasse et qu’elle justifie et aide à consolider le fait accompli colonial dans ce territoire. Le Gouvernement algérien tirera toutes les conséquences qui découlent de cette décision française et dont le Gouvernement français assume seul la pleine et entière responsabilité.

https://www.mfa.gov.dz/fr/announcements/statement-of-the-ministry-of-foreign-affairs-western-sahara-1