Un consortium de journaux internationaux, dont Le Monde pour la France, publie l’analyse d’une gigantesque fuite de documents (11 millions de fichiers) issus d’un cabinet juridique panaméen, dévoilant les circuits de sociétés écran créées au Panama par des particuliers ou des entreprises généralement pour masquer l’identité des véritables détenteurs des fonds ainsi placés dans ce paradis fiscal, ou ne faisant qu’y transiter en provenance et vers d’autres territoires opaques. Il s’agit des Panama Papers en référence aux Pentagon Papers qui avaient fuité dans la presse américaine en 1971 et révélé la teneur exacte des relations entre les Etats-Unis et le Vietnam ainsi que les processus de décisions de cette guerre.
Le cas des Panama Papers est moins sensible en ce qu’ils ne concernent que des circuits financiers opaques, pas une guerre dans laquelle des vies humaines sont en jeu. En fait il n’y a rien de bien nouveau dans cette affaire et ces circuits dévoilés sont déjà bien connus.
La première conclusion à tirer est l’incompétence du cabinet juridique « Mossack Fonseca », dont l’un des dirigeants-fondateurs est également ministre du gouvernement panaméen, qui n’a pas su protéger ses données. Voilà qui refroidira peut-être les fraudeurs de tous ordres : quelle que soit l’opacité des circuits mis en œuvre il existe bien un endroit où le vrai détenteur des fonds est nommé. A l’époque du big-data et des « lanceurs d’alerte » ces endroits ne sont plus vraiment à l’abri des curieux.
Second enseignement, on retrouve dans les listes de propriétaires de sociétés écran panaméennes nos clients habituels… En France les époux Balkany bien sûr et les joueurs, dirigeant et clubs de fouteballe ; à l’étranger, des dirigeants de pays émergents, des milliardaires en vue et, surtout, des milliers de bons citoyens, plutôt riches, voire très riches, et qui s’arrangent avec les règles et l’idée qu’ils se font de la morale pour délocaliser une partie de leurs patrimoines à l’abri des fiscs des pays où ils sont taxés.
Rigolo : le nom du premier ministre britannique apparaît dans les listes, il s’agit d’abord de son père qui détenait une société panaméenne. Cameron fils a commencé par démentir tout lien avec cette société avant d’admettre ce soir qu’il en détenait quelques parts vendues en 2010 avant qu’il ne soit premier ministre pour environ 40 000 EUR, revenu qui fut soumis à l’impôt au Royaume-Uni lors de son encaissement. On se demande ce que David Cameron avait à faire dans une société offshore panaméenne pour une somme finalement plutôt modeste au regard du probable patrimoine et revenus de l’intéressé.
Le premier ministre islandais a lui également été pris les doigts dans le pot de confiture et vient d’être poussé à démissionner.
Laisser un commentaire