Arno est de retour à Paris avec un nouveau disque Human Incognito, produit comme le dernier par John Parish, compagnon de route de PJ. Harvey. Vieux lion à la crinière blanchie dans les salles de rock et au hasard de ses illusions perdues, belge flamboyant (d’Ostende) parlant le langage du prolo sentimental en anglais, français comme en flamand, Arno nous revient avec sa gouaille et tout son cœur pour un album et un concert de choix.
On retrouve sur scène son talentueux et barbu guitariste habituel qui marque le coté rock du concert avec ses riffs hargneux mais aussi ses arpèges en mode mineur pour accompagner les morceaux nostalgiques dans lesquels Arno dévoile toute sa tendresse. Un bassiste, un batteur et un claviériste complètent l’équipe. Le light-show est tout en clair-obscur avec cinq gros projecteurs d’ambiance, suspendus et tournés vers l’assistance.
Arno, toujours vêtu de noir, comme à son habitude, nous dévoile ses sentiments à travers ses chansons aux textes souvent provocateurs, toujours délicieux. Parfois assis sur sa chaise il sort un harmonica. On le croirait sorti d’un bar à marins du port d’Ostende, dans une ambiance de cargos rouillés, de harengs fumés et de femmes de petite vie. De sa voix rocailleuse il sait nous émouvoir avec ses déclarations d’amour à la vie, à l’humanité, à ses femmes, et à sa mère avec ce bouleversant classique dédié à sa mère : Dans les yeux de ma mère/ Il y a toujours une lumière/ L’amour je trouve ça toujours/ Dans les yeux de ma mère.
Mais il sait aussi réveiller les foules avec ses accents de vieux punk et ses mots de hippie démodé, balançant son pied de micro d’une main à l’autre, hurlant comme si sa vie en dépendait, balançant de grands coups de cymbales. Le premier titre de son dernier disque se nomme : I’m just an old motherfucker… All to soon, smart too late/ Young too short stupid too long/ there time in life, you have to protest/ there time in love, you have to take a rest. Tout un programme !
Rugueux et tendre, le rocker flamand n’a rien perdu de son énergie et de son humour. Chroniqueur du temps qui passe, il jette un regard nostalgique sur une époque révolue et sur une humanité à la dérive. Entouré d’un vrai groupe de rock qui joue avec efficacité Arno représente une espèce d’OVNI dans le monde rock-variété francophone, une valeur sûre et originale.
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