La Syrie continue à être à feu et à sang, couverte de bombes par le régime au pouvoir, la Russie qui le soutient, la Turquie dont l’armée est entrée dans le pays, l’Iran et le hezbollah libanais qui ont des hommes sur le front, une coalition internationale (et plutôt occidentale) qui bombarde, des mouvements islamiques tellement nombreux et changeants que plus personne ne sait plus qui ils soutiennent ni qui ils attaquent… Entre deux bombes, les uns et les autres n’hésitent pas à utiliser des gaz de combat pour essayer d’emporter le morceau, sans véritable succès.
Des villes sont assiégées telle Stalingrad en des temps plus anciens, des millions de civils qui fuient, qui sont manipulés, baladés d’un couloir humanitaire à des camps de réfugiés, sans parler de ceux qui essayent désespérément de rejoindre l’Europe et ceux qui en profitent pour exporter du terrorisme. Bref, c’est un chaos comme on n’en avait pas vu depuis des lustres. Un chaos qui a déjà fait des centaines de milliers de morts.
Un jour il faudra rendre des comptes au sujet de cette déroute. Bien sûr le clan familial au pouvoir qui n’a pas su éviter cette guerre civile sera aux premières loges mais on peut penser que soit il arrive à se maintenir aux commandes, soit à la moindre faiblesse il sera éliminé physiquement avec sa communauté religieuse et ethnique. Il n’aura donc sans doute jamais ni le temps ni la nécessité d’avoir des comptes à rendre. Et ce n’est pas là la moindre aberration de ce conflit : d’une certaine façon la dictature actuelle protège certaines communautés, chrétienne et alaouite par exemple, en en massacrant d’autres. Lesdits chrétiens et alaouites passeront à leur tour un sale quart d’heure si un pouvoir religieux islamiste emportait la victoire, ils font donc partie des soutiens du régime.
Ce que l’on peut affirmer sans trop se tromper c’est en tout cas que cette dictature familiale est incompétente ; elle aurait mis un tout petit peu « d’eau dans son vin », si l’on ose dire, elle pourrait continuer à diriger une Syrie à peu près apaisée. Il aurait juste fallu organiser un début (un simulacre) d’ouverture à des partis politiques et, sans doute, partager un peu plus les ressources économiques du pays qui sont trustées depuis des décennies par les très proches. Ce ne sont pas les options qui ont été prises et c’est maintenant un combat à mort pour la survie. C’est la caractéristique d’un pouvoir brutal et inefficace. Ce sont les dérives qu’en principe un système démocratique permet d’éviter.
La Russie engagée militairement et durement, avec bombardiers et soldats, en faveur du clan familial aura certainement un jour des comptes à rendre à la Syrie comme à la communauté internationale, quel que soit l‘issue de ce chaos. Peut-être pas immédiatement alors que ce pays semble renaître sous l’effet de cette puissance guerrière éphémère, mais à terme le jour viendra de payer la facture, on peut en être certain.
Les pays arabes avoisinants regardent passer les trains et accueillent la majorité des réfugiés.
Les européens quant à eux paieront sans doute la plus grande part de la facture de la reconstruction le moment venu.
Tout ceci n’est guère brillant, et pas encore fini, hélas.
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