Sortie : 2011, Chez : folio #5586
Aventurier-écrivain, fils du journaliste Philippe Tesson, Sylvain a parcouru le monde par des voies improbables, à pieds, à moto, immobile, et en a rapporté des récits intéressants. Il est aussi amateur d’escalades originales sur des cathédrales avec des motifs plus ou moins politiques comme la défense du Tibet. Il chute gravement en 2014 de la façade d’une maison et reste handicapé.
Ce récit raconte son isolement dans une cabane de bois au bord du lac Baïkal durant six mois d’hiver. Il y raconte son émerveillement pour cette nature rugueuse mais finalement plaisante. En raquettes, en escaladant, en kayak (lorsque les glaces se dispersent sur le lac), sous le soleil ou dans la tempête, se lance dans des périples osés aux alentours pour finalement retrouver sa cabane et l’ivresse de ses bouteilles de vodka et de sa bibliothèque autour de la chaleur du poêle à bois.
Il n’est si seul que l’on pourrait l’imaginer. Deux chiens l’accompagnent durant la seconde moitié de son séjour, mais surtout d’autres compères des bois lui rendent visite de temps à autres, sans parler de quelques nouveaux riches russes qui se lancent en rutilantes voitures sur la surface gelée du Baïkal et viennent importuner notre ermite le temps de vider bruyamment quelques bouteilles.
Au-delà de la beauté gelée du lac et des forêts de Sibérie, on comprend que l’auteur a voulu aussi se réfugier loin du monde moderne et de son temps hystérique :
« La solitude est cette conquête qui vous rend la jouissance des choses. »
Immobilité, lecture et réflexion produisent ce récit, celui d’un homme qui a réglé son temps sur celui d’une nature sauvage mais apaisante :
« Nos rêves se réalisent mais ne sont que des bulles de savon explosant dans l’inéluctable. »
C’est un luxe qui demande du courage.