Anna Calvi de retour au Trianon avec un nouveau disque : One Breath, au design de couverture aussi crépusculaire que le précédent (Anna Calvi) : gros plan de sa bouche sur premier, gros plan d’un œil sur le second. La révélation rock de 2010 repart en tournée et fait preuve sur scène de la même volcanique fulgurance !
Le trio de 2012 (batterie, percussions-clavier et guitares) est accompagné cette année d’un claviériste-bassiste. Anna est habillée de noir, montée sur d’improbables talons aiguilles, blondeur à frisures et rouge à lèvres, elle regarde l’assistance avec un air un peu hautain, plutôt ailleurs et c’est quand elle joue sur ses guitares éraillées qu’on la sent revivre et s’exprimer.
Démarrage sur Suzanne & I qui s’enchaîne sur un incroyable puzzle de virtuosité vocale et instrumentale, alternant les moments d’intimité, Sing to Me : Got on your skin, colder than night/ The last of the one, the one we divide/ Lying so still, lying so still here/ Sing to me, beautiful one, murmuré comme au confessionnal, avec des instants de fureur volcanique, les refrains de Cry, les rythmiques de Love of my Life…
Elle reprend un troublant Fire de Bruce Springsteen entamé d’une voix caverneuse, comme extra-terrestre, au gré de la rythmique pesante de ce morceau et de son célèbre refrain : …’Cause when we kiss, fire ; on ne peut mieux dire !
Un final de rêve sur l‘enchaînement Desire, puis Love Won’t Be Leaving, son refrain scandé de l’amour qui ne nous quittera pas, les murmures susurrés d’une voix polissonne et un long solo qui tend au mystique, la tête renversée, laissant parler la fureur de ses cordes. Puis l’artiste rend les armes, dépose sa guitare à ses pieds et quitte discrètement la salle laissant ses spectateurs proprement abasourdis par tant de talent.
D’une culture classique elle mêle de multiples influences dans ses compositions dont l’interprétation sur scène est un spectacle époustouflant. Rarement une artiste donne à ce point l’impression d’un engagement si total, émotionnel et technique, dans sa musique. Voix et guitare sont l’extériorisation d’une même vision qui exprime le coté sauvage de la force créatrice, et avec quel éclat !
Ce deuxième album s’enfonce dans des profondeurs plus personnelles de l’artiste qui dévoile des faiblesses et des souffrances oh combien sublimées par cette musique fauve.
Setlit : Suzanne & I/ Eliza/ Sing to Me/ Suddenly/ Cry/ Rider to the Sea/ First We Kiss/ I’ll Be Your Man/ Love of My Life/ Piece by Piece/ Carry Me Over/ Bleed Into Me/ Fire (Bruce Springsteen cover)/ Desire/ Love Won’t Be Leaving
Encore : A Kiss to Your Twin/ Blackout / Jezebel (Frankie Laine cover)