Suzanne Vega au Divan du Monde : quelle douceur, quelle intelligence des mots et de la musique, quel talent ! Et cette année elle nous revient avec un nouveau disque : Tales From the Realm of the Queen of Pentacles dont un exemplaire est exposé sur le tabouret où l’artiste pose ses ustensiles musicaux.
Formation à deux sur scène, l’inséparable Gerry Leonard officie aux guitares. Comme il se doit Suzanne démarre sur Marlene on the Wall, habillée de noir, chapeau claque et rouge à lèvres, ses yeux bleus pétillants sous sa chevelure rousse, elle nous raconte l’histoire de Marlene on the wall qui regarde ses prétendants vaincre et périr, un sourire en coin, alors que le narrateur est amoureux :
But the only soldier now is me/ Im fighting things I cannot see/ I think its called my destiny that I am changing/ Marlene on the wall!
Cette chanson emblématique doit dater de 1985…
Enchaînement sur Caramel, puis l’entrée dans le nouveau disque avec Fool’s Complaint : des cartes du tarot qui s’affrontent, la Reine de Pentacles contre le Fou. La presque totalité du nouveau disque sera jouée avec parfois des moments plutôt rocks comme sur I Never Wear White et les guitares cinglantes de Gerry. Une succession de très belles chansons aux textes troublants. Ces nouvelles et belles compositions sont entrecoupées de retours sur le passé : Tom’s Dinner (avec un superbe arrangement de guitares), Solitude Standing, Gypsy… qui plongent l’assistance dans une douce mélancolie.
Un premier rappel, émouvant hommage à Lou Reed, lui aussi new-yorkais, avec Take a Walk On the Wild Side, la légendaire rythmique de ce morceau jouée sur une guitare acoustique 12 cordes par Gerry. Et puis In Liverpool demandé à l’applaudimètre, précédé de la petite histoire que certains connaissent déjà : celle d’un amoureux de Suzanne lorsqu’à 18 ans elle faisait un séjour en Angleterre et vécut une première romance estivale qui se termina lorsque l’un retourna à Liverpool et l’autre à New-York City, la mort dans l’âme. Elle lui a écrit Gypsy et envoyé la chanson. Des années plus tard, de passage à Liverpool, elle écrira In Liverpool en souvenir de cette amour inoubliable. Cette chanson nostlagique clôt notre soirée :
In Liverpool/ On Sunday/ No reason to even remember/ you now…
Et Suzanne reprend sa route : passagère romantique du temps qui passe, poète élégiaque de nos innocences perdues, musicienne agile, artiste fidèle qui nous enchante depuis tant d’années de sa voix brumeuse et de ses harmonies en mode mineure, Suzanne Vega, une artiste qui tient une place à part dans nos cœurs.
Setlist : Marlene on the Wall/ Caramel/ Fool’s Complaint/ Crack in the Wall/ Jacob and the Angel/ Small Blue Thing/ Gypsy/ The Queen and the Soldier/ Don’t Uncork What You Can’t Contain/ Song of the Stoic/ Solitude Standing/ Left of Center/ I Never Wear White/ Luka/ Tom’s Diner/ Walk on the Wild Side (Lou Reed cover)/ Horizon (There Is a Road)/ In Liverpool