Willy assure la promotion de son dernier disque Pistola et passe à la Cigale, au centre de Paris, ville qu’il déclare porter dans son cœur au même titre que La Nouvelle Orléans et New York. Dans le Libé du 5 juillet il a déclaré cet album «Un peu plus noir que Crow Jane Alley… , parce que j’y parle à mon grand-père. La nuit, souvent, je sors dans la rue. A 3 heures, je vois des montagnes, Manhattan. C’était un chef indien. Et il devait avoir une sacrée potion magique car chaque porte possède sa propre lumière.»
Le concert est assis, plutôt inhabituel pour le lieu et le genre. L’âge moyen est élevé, le spectateur un peu mondain. En première partie un groupe de nomades des sables, Desert Rebel, joue des guitares électriques en djellabas, intéressant !
Willy se présente ce soir avec son groupe historique, Mink DeVille, qui démarre une intro musicale pour préparer l’arrivée de son Maître. Le guitariste rondouillard et bon enfant sous sa veste en jean fait glisser les slides sur ses cordes tel un cobra sur une branche. Willy débarque, comme toujours habillé en daim noir, les cheveux dans le dos, une paire de lunettes rondes aux verres rouges, boucles d’oreille turquoises, l’air d’un indien navajo en goguette à Pigalle.
Goguenard et souriant il entame Loup Garou et les sièges de la Cigale tressautent en rythme. Le groupe est impeccable, le blues est son âme et Willy son démon. Peu de morceaux de Pistola ce soir mais une plongée dans la totalité de son répertoire, avec humour et brio. Parfois assis sur son tabouret, alternant Marlboro et guitare, assénant humour et rock avec le même à-propos, il nous déballe la sérénité amusée du musicien virtuose qu’il est devenu au long d’une route ponctuée d’albums, de galères et de reconnaissance.
Le sang indien qui coule dans ses veines, les influences latinos qui parfois l’inspirent, le rock qui le guide et l’affichage de cet heureux mélange en font une espèce de Jim Harrison punk. La prolixe exubérance, littéraire de l’un, musicale de l’autre, les ont investis en créateurs que l’on n’abandonne jamais.
Bacon Fat, Savoir-Faire, Hey Joe… nous catapultent dans notre histoire d’amour avec Willy, toujours présente, encore enflammée, qui n’a pas pris une ride. Ne serait-ce point l’indicateur de la passion ?
Set list : Watermelon Man (intro), Loup Garou, So So Real, Chieva, Even When I Sleep, Downside of Town, Spanish Stroll, Muddy Waters Rose Out Of The Mississippi Mud, Heart And Soul, You Got The World In Your Hands, Bacon Fat, White Trash Girl, Hey Joe, Betty And Dupree, Venus Of Avenue D, Demasiado Corazon, Savoir-Faire, Cadillac Walk, Mixed Up Shook Up Girl, Just Your Friends
Encore : Let It Be Me, Steady Drivin’Man