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  • Au Proche-Orient rien de nouveau

    Au Proche-Orient rien de nouveau

    La guerre entre Israël et le mouvement palestinien Hamas continue sans que personne n’en voit vraiment la fin. Elle avait été déclenchée par suite de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël depuis la bande de Gaza « gouvernée » par ce mouvement. Le bilan a été de plus de 1 200 morts côté israélien, souvent dans des conditions barbares par la branche armée du Hamas mais aussi semble-t-il par des civils gazaouis qui se sont mêlés à la curée. Environ 250 otages israéliens avaient été ramenés à Gaza par le Hamas, une centaine ont été libérés à l’occasion d’une trêve, une trentaine seraient morts, il reste donc autour de 120 otages toujours disparus dont on ne sait pas trop combien sont encore vivants.

    La guerre fait rage depuis le mois d’octobre dernier. Les autorités palestiniennes parlent de 40 000 morts depuis le début du conflit et sans doute encore bien plus de blessés. L’objectif de Tel Aviv est de « détruire » le Hamas mais il peine manifestement à l’atteindre malgré une supériorité militaire évidente. La force des bombardements de l’Etat hébreux à entraîné des destructions considérables, des mouvements de population désespérés pour fuir la violence et l’on a peine à imaginer quel pourrait être le futur à Gaza. Le plus stupéfiant est qu’après presque 10 mois d’une guerre féroce et très manifestement asymétrique du point de vue de la force militaire en faveur d’Israël, les combats durent toujours, des roquettes continuent à être tirées depuis Gaza vers le Nord, des soldats israéliens à se faire tuer et la centaine d’otages est toujours détenue par le Hamas, dans ces fameux tunnels ou ailleurs, sans avoir été libérée par la force ou la négociation.

    Certes le Hamas doit être significativement affaibli sur le plan militaire, mais sans doute assez peu au niveau politique, voire renforcé, puisqu’il continue à refuser les conditions d’une nouvelle trêve. On apprend dans la presse que des délégations israéliennes et palestiniennes négocient par l’intermédiaire du Qatar, de l’Egypte, ou d’autres, sans trouver les bases d’un accord pour cesser les combats. Cela en dit long sur la prétention d’un but de guerre qui est de vouloir « détruire une idée ». Très probablement le Hamas, soit ne sera pas détruit, soit renaîtra de ses cendres sous une forme ou sous une autre pour continuer à combattre Israël, comme les Palestiniens le font depuis 1948, date de la création de l’Etat d’Israël.

    A Tel Aviv les oppositions entre partis politiques vont également bon train sur ce qu’il faudra faire après la guerre : occuper Gaza, l’annexer, envisager une administration provisoire sous contrôle israélien, arabe, international ? Dans le reste du monde, le « Sud global » et leurs soutiens russes et chinois regardent avec plus ou moins de satisfaction l’Occident mené par les Etats-Unis d’Amérique s’enferrer dans le piège du soutien inconditionnel à Tel Aviv. En Occident même on s’écharpe sur la sémantique, le Hamas est-il « terroriste » ou « résistant » ? Les universités s’enflamment pour soutenir la Palestine, de Sciences-Po à Paris à Colombia à New-York. En France la gauche radicale a axé toute sa campagne des élections européennes du 9 juin sur le soutien à la cause palestinienne, parlant très peu de l’Europe ou de la France. La France insoumise (LFI) mit en avant et fit élire Rima Hassan, une avocate née en 1992 dans un camp palestinien en Syrie puis naturalisée française en 2010. Très médiatisée, toujours affublée d’un keffieh et auteure de tweets tonitruants sur les réseaux dits « sociaux » elle a choisi de mener son combat en faveur de la Palestine depuis la France et se sert de son appartenance politique à LFI comme tremplin pour le poursuivre, le renforcer et le populariser auprès de la frange de l’électorat français plus intéressée par ce qui se passe au Proche-Orient que par les déficits des finances publiques de la France.

    Personne ne sait bien où tout cela mènera, mais ce qui semble à peu près certain c’est que l’on ne sortira pas de ce chaos qui dure depuis 1948 avec son cortège d’horreurs, de guerres terribles et d’actes de terrorisme sanglants. Avec un sens aigu de la propagande, le Hamas a réussi à exporter sa cause dans les pays occidentaux et même à jeter le trouble au sein de la classe politique israélienne. C’est un moyen comme un autre de ne pas tomber dans les oubliettes de l’histoire même si cela n’apportera pas de solution à court terme mais peut-être faut-il admettre que certains problèmes sont insolubles ?

    Lire aussi : Le Proche-Orient toujours à feu et à sang – Total Blam Blam (rehve.fr)

  • Les électeurs français ont voté

    Les électeurs français ont voté

    Les Français ont voté et le résultat de leurs suffrages est une assemblée nationale divisée en trois tiers plus ou moins d’égale puissance en nombre de députés : la droite radicale composée majoritairement du Rassemblement National (RN), la gauche radicale, quatre ou cinq partis réunis dans l’alliance électorale Nouveau front populaire (NFP) dominée par sa composante propalestinienne et le centre droit. Aucune de ces trois tendances ne peut à elle-seule emporter la majorité absolue et donc faire appliquer son programme. L’assemblée est donc condamnée soit à l’immobilisme, soit à des alliances. Les partis ont déjà affiché leur défiance les uns envers les autres et expliquent qu’ils sont d’accord pour une alliance à condition que ce soit sur leur programme. Autant dire que la négociation s’annonce mal. Comme souvent, des dirigeants de rencontre élus par les Français privilégient leurs intérêts particuliers au détriment de l’intérêt du pays.

    La solution de l’immobilisme ne serait finalement peut-être pas la pire des solutions. Elle entraînerait de fait une stabilité législative par l’impossibilité de faire voter de nouvelles réformes. Est-ce vraiment un problème ? Sans doute pas, préoccupons-nous déjà de faire appliquer les lois existantes. Le corpus législatif préexistant déjà très fourni suffit à occuper l’administration d’autant plus qu’un certain nombre de décisions ne relèvent pas d’un vote au parlement mais plus simplement de circulaires ou décrets qui pourront être pris par un gouvernement à mettre en place, quelle que soit sa couleur politique. On pourra attendre quelques temps pour envisager de nouvelles réformes législatives. En attendant, respirons un peu. Même la Loi de finances annuelle qui est le texte majeur de toute législature qui doit en principe être voté avant le 31 décembre de l’année précédente, s’il ne peut pas être voté du fait de l’irresponsabilité de partis incapables de s’entendre sur un texte commun, peut être mis en vigueur sans vote par renouvellement par douzièmes mensuels du budget précédent. La constitution de la Ve République a tout prévu.

    Et si les électeurs sont insatisfaits de devoir renoncer, au moins provisoirement, aux réformes tonitruantes annoncées par les partis sur lesquels ils ont porté leurs suffrages, il leur suffira la prochaine fois de voter autrement. C’est ce qu’on appelle la responsabilité des citoyens.

  • DEBORD Guy, ‘La Société du Spectacle’.

    DEBORD Guy, ‘La Société du Spectacle’.

    Sortie : 1967, Chez: folio essais n°644 (1992).

    Cet essai de Guy Debord (1931-1994) paru en 1967 s’attaque, dans la filiation de Marx, à la marchandisation de la société. Il connut un écho certain dans les années qui ont suivi le mouvement de contestation de 1968 dans le monde occidental. La marchandisation de la société est présentée comme « le spectacle » qui asservit le peuple. Le livre est écrit en courts chapitres numérotés (certains ne font qu’un paragraphe) et s’avère assez abscond pour le lecteur néophyte, voire même incompréhensible pour le commun des mortels.

    N°148 – Le temps général du non-développement humain existe aussi sous l’aspect complémentaire d’un temps consommable qui retourne vers la vie quotidienne de la société, à partir de cette production déterminée, comme un temps pseudo-cyclique.

    On a parfois l’impression que l’auteur se fait plaisir en jouant avec les mots. Il s’amuse en particulier avec les inversions sémantiques qui peuplent son texte : « [le spectacle] ne réalise pas la philosophie, il philosophe la réalité », « la conscience du désir et le désir de la conscience », « la division montrée est unitaire alors que l’unité montrée est divisée », etc.

    Quand il a refermé le livre, le lecteur se demande ce qu’il en reste en se disant que Marx est probablement plus facilement lisible que son disciple. Debord a participé à ce monde intellectuel de XXe siècle, cette espèce « d’avant-garde » artistique fondatrice de revues et de concepts à qui le capitalisme tant décrié a permis d’exister.

  • Garbage – 2024/07/06 – Paris Grand Rex

    Garbage – 2024/07/06 – Paris Grand Rex

    Et hop, encore un concert de Garbage à Paris. C’est propre, bien enlevé et oh combien réjouissant ! Shirley, les cheveux blonds peroxydés est engoncée dans un étrange costume de plumes qui la fait ressembler au Bowie déguisé en clown sur le clip de Ashes to Ashes. Steve le premier guitariste est toujours habillé d’un costume-cravate surmonté de son éternel chapeau. Duke, son alter-ego à la guitare, a désormais l’allure d’un ZZ Top, le crâne glabre et une longue barbe blanche. Butch assure fidèlement la batterie. La nouveauté du jour est le remplacement du bassiste intérimaire de ces dernières années Eric Avery, qui a rejoint Jane’s Addiction, par Ginger, une femme, blonde patine qui assure aussi certains chœurs.

    Le groupe est arrivé ce matin de Cologne en car et Shirley nous raconte son émerveillement devant le lever du jour sur la ville lumière et la découverte de la salle de théâtre du Grand Rex. Pour l’occasion, ils sont venus en famille et elle embrasse les siens depuis son micro.

    La scène est largement dégagée sur le devant, les quatre musiciens regroupés en formation autour de la batterie. Dans sa jeunesse Shirley avait l’habitude de continuellement parcourir la scène durant le show en tournant en rond comme une lionne en cage. L’âge venant (elle a 58 ans) et son nouveau costume du genre encombrant l’ont apaisée, elle est moins fébrile et, du coup, la scène paraît un peu vide. Rien de grave, seule la musique compte.

    En l’absence de nouveau disque, la setlist reprend les trente années de la flamboyante carrière des Garbage en picorant dans leurs sept albums enregistrés en studio et c’est un bonheur pour les fans de parcourir ainsi leur passé rock. Petite faute de goût, une fan « enthousiaste » balance son gobelet de bière sur Shirley qui accuse le coup, menace la coupable d’un vigoureux doigt d’honneur avant de lui faire la morale à la fin du morceau, se plaignant de puer l’alcool, pendant que son mari (encore un clone de ZZ Top) passe la serpillère…

    Garbage c’est un groupe de guitaristes posés sur la personnalité adente de sa chanteuse à la voix définitivement rock. Voilà trente ans qu’ils animent la scène du monde entier avec leur musique post-punk matinée de grunge, simple de de bon goût. Ça dépote et on reste admiratif de cette énergie qu’ils déploient sans compter au service de ce rock enflammé et jouissif. Shirley dédie même une chanson à M’Bappé et présente une reprise Siouxsie and the Banshees, une autre égérie du rock, des années 1970-80 cette fois-ci, et dans sa version new-wave.

    Le concert se termine sur le légendaire Only Happy When It Rains :

    I’m only happy when it rains
    I feel good when things are going wrong
    I only listen to the sad, sad songs
    I’m only happy when it rains

    Mais ce soir nous avons tous été très heureux sous le beau temps de cette soirée d’été au Grand Rex !

    Setlist

    Happy Home (Instrumental – Partial)/ #1 Crush/ Godhead/ I Think I’m Paranoid/ Cherry Lips (Go Baby Go!)/ Special/ The Men Who Rule the World/ Metal Heart/ Run Baby Run/ Hammering in My Head/ The Creeps/ The Trick Is to Keep Breathing/ Bleed Like Me/ Stupid Girl/ Wolves/ No Gods No Masters/ Cities in Dust (Siouxsie and the Banshees cover)/ Vow/ When I Grow Up/ Why Do You Love Me/ Push It

    Encore : Milk/ Only Happy When It Rains

    Warmup

    Lucia & the Best boys

    Un sympathique groupe écossais indie, qui joue sous la houlette inspirée de sa chanteuse longiligne Lucia Fairfull

    Lire aussi

  • Des mots qui changent pour une même réalité

    Des mots qui changent pour une même réalité

    On ne dit plus « la victoire du RN » mais « la dynamique du RN » !

  • Panique dans les partis politiques non-RN

    Panique dans les partis politiques non-RN

    Les résultats du premier tour des élections législatives tenues dimanche dernier sont en train de déclencher une fébrilité inédite en France. Le Rassemblement National (RN) emporte 33% des suffrages exprimés y compris ceux en faveur de la partie de Les Républicains (LR) qui a migré vers le RN. Le vote pour ce parti est bien réparti sur tout le territoire, dont les départements d’outre-mer, sauf quelques grandes villes qui restent inspirées par les idées progressistes. Les jeunes, les cadres, même les retraités, toutes les catégories socio-professionnelles se dirigent petit à petit vers le RN et le vote pour ce parti est maintenant décomplexé.

    Le Nouveau Front Populaire (NFP), qui est le pendant du FN à gauche, est crédité de 28% des votes. La majorité présidentielle est en troisième position avec 20%.

    Dès que ces résultats ont été avérés, l’ensemble des partis politiques non-RN s’est mis à tenter de reconstruire le fameux « front républicain » pour « faire barrage à l’extrême droite » ce qui consiste à monter des accords en catastrophe entre les deux tours pour faire capoter la candidature FN, même lorsque celle-ci est arrivée en tête du premier tour. Pour ce faire ces partis anti-RN fusionnent leurs candidatures pour n’en présenter qu’une seule face à celle du RN et ainsi limiter l’éparpillement des voix. Cela revient aussi à forcer la main de l’électeur qui, s’il ne vote pas RN devra apporter sa voix au candidat unique anti-RN. Celui-ci peut toujours voter « blanc » ou aller à la pêche le jour du vote si le cœur lui en dit.

    Le Rassemblement National continue à effrayer le microcosme malgré ses efforts de « normalisation » lancés depuis plus de dix ans mais il n’effraie plus un électeur sur trois qui a mis très sereinement un bulletin dans l’urne en sa faveur dimanche dernier. C’est le dilemme auquel est confronté le microcosme : doit-il continuer à contester ce vote en menant des alliances improbables avec pour seul objectif « tout sauf le RN », au risque de braquer encore plus les électeurs concernés, ou peut-il considérer que le RN est devenu un parti fréquentable, comme les autres, et envisager qu’il puisse gouverner comme c’est d’ailleurs le cas dans des conditions assez similaires dans d’autres pays européens, ou même aux Etats-Unis sous l’ère Trump, passée ou à venir.

    C’est clairement la première option qui est à l’œuvre aujourd’hui où l’on voit des caciques de la droite et du centre appeler à voter dimanche prochain pour des candidats de La France Insoumise (LFI, extrême gauche propalestinienne) dans des circonscriptions où le RN est arrivé en ballotage favorable au premier tour. Choisir la seconde option, celle de la normalisation du RN, présente un risque que le microcosme ne veut pas prendre : celui de la résurgence des tendances d’extrême droite du RN une fois qu’il serait arrivé au pouvoir. Au-delà de cette agitation d’appareils, l’électeur choisira en fonction de ses convictions qui risquent de n’être pas forcément en accord avec celles du microcosme.

    Dans tous les cas, une France gouvernée par des extrêmes d’un bord ou de l’autre risque de se rabougrir un peu plus. C’est le principal échec du pouvoir actuel : n’avoir pas su convaincre le pays de rester dans la raison sous une gouvernance apaisée.

  • « Chopin au Jardin – 2024 » au Parc Montsouris (Adam Kałduński, piano)

    « Chopin au Jardin – 2024 » au Parc Montsouris (Adam Kałduński, piano)

    C’est Adam Kałduński qui clôture cette quinzième édition du mini-festival « Chopin au Jardin » qui, comme chaque année, se poursuivra en août dans un parc de Varsovie. C’est sa première venue à Paris et son premier récital dans la capitale. Ce jeune pianiste porte queue de cheval sur costume noir, virtuose et inspiré, il déroule un joli programme, dont les 24 préludes en deuxième partie. Le public sous le soleil ne veut plus le laisser partir et il ne se fait pas trop prier pour enchaîner trois bis.

    CHOPIN au jardin_Adam Kałduński_IP_PARIS_mm

    Mais le vrai héros de ce festival est évidemment Frédéric Chopin (1810-1849) : quel compositeur de génie ! Des Valses aux Nocturnes il a su capter la légèreté et le tragique de la vie. Qui ne rêve, au soir venu, d’imaginer que son âme s’envolera vers l’autre monde au gré d’une Nocturne de Chopin ?

    Programme

    • Grande valse en la bémol majeur, op. 42
    • Nocturne en mi majeur, op. 62 n° 2
    • Ballade n° 1 en sol mineur, op. 23
    • Vingt-quatre préludes, op. 28
  • « Olympisme, une histoire du monde » au musée de l’histoire de l’immigration

    « Olympisme, une histoire du monde » au musée de l’histoire de l’immigration

    Le palais de la Porte Doré qui héberge le musée de l’histoire de l’immigration retrace aujourd’hui l’histoire des jeux olympiques d’été modernes, depuis leur relance en Grèce en 1896 jusqu’à leur organisation à Paris en ce mois de juillet 2024. Les nombreuses photos et vidéos sont agrémentées d’explications sur le contexte politique qui prévalait pour chacune de ces olympiades. On traverse ainsi les évènements politiques qui ont marqué ces 130 années : le statut de la représentation de l’Allemagne divisée, les jeux de 1956 à Melbourne, 10 jours après l’invasion de la Hongrie par les chars soviétiques, qui donnèrent lieu à des bagarres entre les sportifs soviétiques et hongrois (dont un certain nombre demandèrent l’asile politique en Australie), l’arrivée d’équipes nationales envoyées par les nouveaux pays décolonisés dans les années 1960, la lutte olympique contre l’apartheid en Afrique du sud, les JO de 1968 et la célèbre protestation des sprinters américains en faveur des droits civiques, celle, plus discrète, d’une sportive tchécoslovaque protestant contre le « printemps de Prague » (l’invasion soviétique, encore, de la Tchécoslovaquie), les attentats propalestiniens qui endeuillèrent les jeux de Munich en 1972, les boycotts respectifs des Etats-Unis et de l’Union soviétique aux olympiades de Moscou par les occidentaux (après l’invasion de l’Afghanistan par les troupes de Moscou) puis de Los Angeles par les pays communistes en représailles, mais aussi par crainte des potentielles défections de sportifs soviétiques, les tentatives d’organisations de jeux parallèles, pour les homosexuels en 1982, pour les « travailleurs » en 1933, la faillite de la Grèce initiée par les dépenses colossales lancées pour les olympiades de 2004… Mais aussi les JO annulés durant les périodes de conflits mondiaux.

    Un très intéressant parcours au cœur de l’histoire agitée du XXe siècle vue sous le prisme du sport, qui marque, là aussi, la puissance des Etats-Unis d’Amérique qui ont multiplié les records de médailles accumulées.

    Spartakiade 1933
  • Les Rolling Stones à Chicago

    Les Rolling Stones à Chicago

    Un fidèle lecteur nous envoie des nouvelles des Rolling Stones en concert hier à Chicago : ils vont bien !

    SET LIST

    • Start Me Up
    • Get Off Of My Cloud
    • It’s Only Rock ‘n’ Roll (But I Like It)
    • Angry
    • She’s A Rainbow
    • Wild Horses
    • Mess It Up
    • Tumbling Dice
    • You Can’t Always Get What You Want
    • Tell Me Straight
    • Little T&A
    • Happy
    • Sympathy For the Devil
    • Honky Tonk Women
    • Midnight Rambler
    • Gimme Shelter
    • Paint It Black
    • Jumpin’ Jack Flash
    • Sweet Sounds of Heaven
    • (I Can’t Get No) Satisfaction
  • Anohni & the Johnsons – 2024/06/27 – Paris Philharmonie

    Anohni & the Johnsons – 2024/06/27 – Paris Philharmonie

    Antony Hegarty, né au Royaume Uni en 1971 s’est d’abord fait connaître comme leader du groupe Antony & the Johnsons qui sort un premier CD en 2000. Il a souvent fait allusion dans sa création à des questionnements sur son identité « de genre » au travers de ses textes, de ses références musicales et artistiques, de ses attitudes. Au début de sa carrière il s’est produit dans des groupes de drag-queens. On se souvient qu’il avait joué son concert de 2009 à la Salle Pleyel habillé en femme. Il a suivi depuis sa transformation en femme trans. Elle se fait appeler désormais Anohni depuis 2015. Elle a continué à signer des disques sous ce seul nom ou celui de Anohni & the Johnsons comme la formation de ce soir qui se produit à la Philharmonie de Paris dans le cadre du festival Days Off.

    Son dernier CD, My Back Was a Bridge For You To Cross, affiche sur sa couverture un portrait de Marta Johnson, célèbre militante drag-queen afro-américaine qui s’est battue en faveur des droits homosexuels en participant notamment aux émeutes Stonewall uprising en 1969 lorsque la police new-yorkaise harcelait la communauté dans cette boîte gay très connue à Greenwich Village. Sur le premier disque d’Anthony figurait le portrait sur son lit de mort de Candy Darling, une autre icône trans qui paraissait à la fin des années 1960 dans l’univers d’Andy Warhol. Lou Reed, lui aussi proche d’Andy Warhol, lui rendit hommage à travers ses chansons Take a Walk on the Wild Side (1971) et Candy Says (1969). Lors de sa tournée Berlin de 2006, Antony assurait les chœurs sur la partie américaine de celle-ci, mise en image par Julian Schnabel qui a donné lieu à l’édition d’un DVD d’une grande beauté ; le rappel du concert était Candy Says chanté en duo par Lou et Anthony qui en livrent une bouleversante interprétation.

    Lou Reed a toujours été un fervent soutien d’Anohni et a chanté sur son deuxième disque avec les Jonhsons. I’m a bird now (2005), Anohni a chanté une très belle interprétation de Perfect Days sur l’un des derniers CD de Reed : The Raven (2003). Une courte histoire d’amitié (Lou Reed est mort en 2013) et de musique transgénérationnelle entre ces deux artistes.

    Les Johnsons entrent en piste à l’extinction des lumières, ils sont neuf, tout de blanc vêtus et s’assoient sagement sur leurs chaises en arc de cercle sous un grand écran. Ils sont emmenés par le guitariste britannique Jimmy Hogarth, auteur-compositeur-producteur qui a collaboré avec de nombreux artistes, co-écrit et produit le dernier disque d’Anohni & the Johnsons. Une section de cordes (un violoncelle et deux violons) amène sa touche de classicisme lancinant bien à propos sur la musique ce soir.

    Une danseuse apparaît sur la scène, enveloppée d’un voile blanc vaporeux, la tête surmontée de bois de cerf, collaboratrice d’Anohni depuis de nombreuses années. La danse et le corps sont au centre de leur inspiration commune et c’est une excellente façon d’introduire ce show dont on sait qu’il sera étrange. La même clôturera la soirée, cette fois-ci habillée de noir.

    Anohni, vêtue d’une robe et d’un châle blancs, les cheveux longs, blonds peroxydés, vient ensuite démarrer le concert sur Why Am I Alive Now? susurré sur les accords légers de guitare et une batterie juste effleurée. Un morceau presque guilleret ne seraient-ce les paroles d’inquiétude écologique devant la nature qui s’effondre alors que nous sommes toujours en vie. Le morceau suivant, 4 Degrees, extrait de son disque solo HOPELESSNESS, sur une rythmique plus violente et désespérée, enfonce le clou du désastre écologique qui déjà nous cerne.

    L’univers d’Anohni est des plus sombres. Et lorsqu’il ne s’agit pas de la planète chancelante c’est de son âme et de son cœur dont il est question, et ce n’est guère plus positif. L’auditeur pourrait être trompé par une voix de tête, agile dans les aigus, parfois plongeant dans les graves avec élégance, donnant une impression de légèreté. La lecture de quelques textes suffit à nous ramener à la réalité de l’artiste qui est un bloc de souffrance. Même sa façon de se tenir exsude la douleur, lorsqu’elle chante ses mains s’imbriquent et se tordent l’une avec l’autre, ses lèvres tremblent sur ses vibratos singuliers, comme si elle allait s’effondrer en pleurs…

    The way you talk to me, it must change
    The things you do to me
    The way you leave me
    The seeds you give to me, it must change
    It must change
    The death inside you
    That you pass into me
    The truth is that I always
    Thought you were beautiful
    In your own way

    That’s why this is so sad
    That’s why this is so sad

    (It Must Change)

    You are my sister marque le retour à Antony. Elle est chantée sur le disque sorti en 2005 en duo avec Boy George, autre égérie du monde trans, accompagnée à la guitare par Devendra Benhart. Un très beau moment au mitan de cette soirée.

    You are my sister, we were born
    So innocent, so full of need
    There were times we were friends but times I was so cruel
    Each night I’d ask for you to watch me as I sleep
    I was so afraid of the night
    You seemed to move through the places that I feared
    You lived inside my world so softly
    Protected only by the kindness of your nature

    You are my sister
    And I love you

    (You Are My Sister)

    Le concert s’écoule dans la douceur, tout en subtilité. Le groupe est soudé autour d’Anohni, l’encadre sans s’imposer, comme s’il voulait s’effacer derrière sa voix exceptionnelle et émouvante. L’ensemble est parfait.

    Anohni nous parle un long moment de son association Future Feminism pour la défense des droits des femmes, qui organise un festival pour la cause, pendant que défilent sur l’écran les images de femmes martyrisées du fait de leur condition, trans ou pas. Dans la salle, nombre de représentants du monde queer, bien visibles, manifestent leur soutien en applaudissant à tout rompre.

    En rappel, Anohni, assise au piano, interprète Hope There’s Someone, le second retour à Antony, qui clôt merveilleusement bien cette soirée musicale bien mélancolique mais tellement belle, transcendée par la délicatesse des compositions portées par la voix d’Anohni.

    Hope there’s someone who’ll take care of me
    When I die, will I go?
    Hope there’s someone who’ll set my heart free
    Nice to hold when I’m tired

    (Hope There’s Someone)

    Un final plein d’émotion de la part de cet artiste inclassable, à la sensibilité à fleur de peau, dont les récents changements de genre ne semblent pas avoir véritablement solutionné le mal-être, mais ce sont sans doute eux qui fondent aussi une part de cette inspiration si singulière.

    Setlist

    Why Am I Alive Now? (Preceded by performance by Johanna Constantine dressed in white with deer antlers)/ 4 Degrees(ANOHNI song)/ Manta Ray (ANOHNI song)/ Cut the World/ Breaking (Marsha P. Johnson interview video short)/ Hopelessness (ANOHNI song)/ It Must Change/ You Are My Sister (Interpolation of spoken speech)/Sometimes I Feel Like a Motherless Child (Cover traditional song)/ Can’t/ Everglade/ Another World (New arrangement)/ Drone Bomb Me (ANOHNI song)/ Man Is the Baby (Followed by performance by Johanna Constantine dressed in black with deer antlers)/ Her Eyes Are Underneath the Ground (Was performed wearing a veil)

    Encore : Hope There’s Someone (performed with Anohni on piano)

    Le groupe

    • ANOHNI
    • Jimmy Hogarth, guitare
    • Leo Abrahams, guitare
    • Chris Vatalaro, batterie
    • Gael Rakotondrabe, piano, percussions
    • Sam Dixon, basse
    • Julia Kent, violoncelle
    • Max Moston, violon
    • Doug Wieselman, multi-instrumentiste
    • Mazz Swift, violon
    • Johanna Constantine, danse

    Vidéos

    Les vidéos d’Anohni sont disponibles sur son site web :

    Video — Anohni and the Johnsons

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  • La France face à l’aventure

    La France face à l’aventure

    Lors des dernières élections européennes du 9 juin les électeurs français, du moins ceux qui s’expriment dans les urnes, ont mis un pied dans la porte en donnant le leadership à la droite populiste. Ils comptent transformer l’essai lors des scrutins législatifs des 30 juin et 7 juillet des élections législatives provoquées par la dissolution de l’assemblée nationale prononcée ce 9 juin au soir par le président de la République.

    La perspective d’une arrivée au pouvoir du parti Rassemblement National (RN, ex-Front National) n’étant plus à exclure, la France est fébrile. La gauche a bricolé rapidement une alliance électorale baptisée « Nouveau Front Populaire » (NFP) qui va de LFI d’inspiration trotskiste (son premier responsable, M. Mélanchon, est entré en politique via l’Organisation communiste internationale [OCI]), aux socialistes de la gauche-caviar, en passant par un Parti communiste longtemps stalinien. On a même vu récemment Dominique Strauss-Kahn (75 ans) et Lionnel Jospin (86 ans), des vieilles ganaches du Parti Socialiste (PS), sortir de leur retraite pour apporter leur soutien au NFP. Un programme a été conclu sur le papier insistant sur les obsessions habituelles de la gauche : faire payer les riches, augmenter les salaires des autres, revenir à la retraite à 60 ans et reconnaître l’Etat de Palestine.

    Une seule priorité pour le gouvernement du Nouveau Front Populaire dès son installation : répondre aux urgences qui abîment la vie et la confiance du peuple français. Nous en finirons avec la brutalisation et la maltraitance des années Macron. Nous adopterons immédiatement 20 actes de rupture pour répondre à l’urgence sociale, au défi climatique, à la réparation des services publics, à un chemin d’apaisement en France et dans le monde. Pour que la vie change dès l’été 2024.

    Programme NFP « Contrat de législature »

    A l’autre bout de l’échiquier politique, la droite populiste RN alliée avec quelques membres de Les Républicains (LR) propose ses objectifs usuels : mettre fin à la « submersion migratoire », baisser les prix de l’énergie pour tout le monde et endiguer « le laxisme judiciaire » pour faire baisser délinquance et criminalité dans le pays.

    Dès ma nomination comme Premier ministre, j’apporterai des réponses concrètes aux préoccupations de nos concitoyens en matière de qualité de vie, de sécurité et d’immigration.

    Programme 2024-06 « Bardella premier ministre

    Cette droite a plus de mal à cacher ses origines extrêmes, que Jean-Luc Mélanchon ses origines trotskystes, car elles sont plus récentes et pas encore passées complètement aux oubliettes de l’histoire, pour ceux qui la suivent. Le patriarche Le Pen qui assumait ses blagues antisémites graveleuses et son révisionnisme est encore vivant, même sous tutelle, alors que Lambert ou Benny Lévy sont morts et enterrés depuis longtemps et que l’assassinat de Trotski par les tueurs communistes de Staline, ou le déchaînement de barbarie de l’armée rouge créée par Trotski durant la guerre civile russe au début du XXe siècle sont oubliés depuis très longtemps. Le peuple a la mémoire courte, c’est d’ailleurs une de ses caractéristiques principales.

    Au centre, le parti présidentiel qui a réussi à se mettre beaucoup de monde à dos, semble un peu dépassé par les évènements pourtant provoqués par son inspirateur. Ce mouvement et les LR se sont tellement haïs depuis quelques années, alors que leurs programmes étaient largement compatibles pour peu qu’ils mettent leurs égos sous le tapis de l’intérêt de la France, qu’ils n’arrivent pas à faire programme commun et laissent les populistes cavaler en tête.

    Pour le « peuple de gauche », largement soutenu par le monde intellectuel et artistique, l’horreur serait l’arrivée du FN au pouvoir. Pour « le peuple conservateur », l’abomination serait une majorité large ou absolue gagnée par le NFP. « Entre la peste et le choléra »… Alors ces formations politiques rivalisent d’assauts verbaux sur leurs stratégies électorales respectives : qui se désistera pour « faire barrage à… », qui donnera des consignes de vote pour empêcher « la catastrophe », etc. ? En réalité ces tactiques relèvent d’un autre âge désormais. Il est assez peu probable que les électeurs suivent aujourd’hui des consignes de vote qui seraient contraires à leurs propres convictions. Ils risquent même d’être agacés par d’éventuels désistements pour « faire barrage à… » qui reviennent à vouloir leur forcer la main pour voter dans un sens décidé par les appareils politiques mais pas par forcément par eux-mêmes.

    En cas de choix manichéen à faire entre « la peste ou le choléra » le mieux est de laisser choisir l’électeur par lui-même ce qui encore la meilleure solution pour qu’il assume ensuite la responsabilité de son vote. Et pour ceux qui ne veulent pas choisir les extrêmes il reste toujours le vote blanc. L’avenir sera ce qui se décidera dans les urnes. Les plus optimistes considèrent que les institutions de la République résisteront à la tempête le cas échéant et offriront aux électeurs la possibilité de revenir en arrière s’ils le veulent. Les pessimistes craignent le contraire. Ce qui semble sûr c’est que sauter sur son canapé en criant « tout sauf le RN, tout sauf le RN, tout sauf le RN !!! », ou accumuler des tribunes dans le journal Le Monde ne sert plus à grand-chose au point où nous en sommes. Pour calmer ses angoisses sur l’avenir politique du pays il faut voter et, éventuellement, militer si l’on souhaite inverser un résultat « non satisfaisant » pour la prochaine fois.

  • Vous avez aimé Abdelkader ? Vous allez adorer Christian Tein !

    Vous avez aimé Abdelkader ? Vous allez adorer Christian Tein !

    Alors que l’hexagone se noie dans les campagnes électorales et va devoir sans doute affronter l’arrivée des extrêmes au pouvoir, ça continue à défourailler en Nouvelle-Calédonie. Nous en sommes maintenant à 9 morts dans cet archipel depuis le déclenchement des émeutes au mois de mai dernier. Les troubles, blocages et barrages se poursuivent malgré le renforcement très significatif des forces de sécurité venues de la métropole.

    Une petite dizaine des meneurs identifiés ont été mis en examen et la justice a décidé de les incarcérer en France et non pas sur le territoire. Il s’agit notamment de Christian Tein, un chef kanak indépendantiste considéré comme le responsable de la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), cellule qui semble avoir dirigé les émeutes et les exactions sur place.

    Bien évidement les émeutes sont reparties dès que leur incarcération « en France » a été rendue publique. Ils ont aussitôt été qualifiés de « prisonniers politiques » et leur libération immédiate est exigée par les émeutiers pour qu’ils quittent leurs barricades.

    Cette situation inextricable montre une nouvelle fois l’impasse dans laquelle se trouve la République française face à cette colonie. Il y a tout de même eu 9 morts à ce jour dans la guérilla urbaine qui a duré deux semaines et à laquelle il n’a jamais complètement été mis fin. Si l’Etat français n’avait rien fait il aurait violé ses propres lois. S’il agit comme il l’a fait il est accusé de colonialisme.

    L’histoire nous rappelle l’imbroglio provoqué dans l’Algérie colonisée par l’arrestation et la déportation en France de l’émir Abdelkader (1808-1883), chef religieux et militaire algérien qui a fomenté la résistance contre l’envahisseur, remporté quelques victoires avant de rendre les armes en 1847. Transféré en France où il bénéficia tout de même d’un statut de prisonnier privilégié il est ensuite autorisé à émigrer à Damas en échange de l’engagement de ne plus fomenter de troubles en Algérie. En résidence surveillé à Toulon, Pau puis Amboise, il devint la coqueluche de l’intelligentsia française et européenne qui se bousculait pour le visiter dans les années 1850. Il décéda en 1883 après être presque devenu un ami de la France… Il a depuis des rues et des places à son nom dans des communes de l’hexagone.

    Il n’est pas sûr qu’en ce XXIe siècle de tous les excès l’indépendantiste Christian Tein soit aussi conciliant avec la puissance coloniale que ne le fut Abdelkader à la fin de sa vie. L’intransigeance de ses troupes sur le terrain qui sont en train de relancer la guérilla en Nouvelle-Calédonie ne va pas faiblir non plus. La République est dans une impasse dont la seule voie de sortie est l’indépendance de ce territoire le plus vite possible en offrant aux non-kanaks la possibilité de venir s’installer en France.

    Lire aussi : « Abd el-Kader » au Mucem

  • « Chopin au Jardin – 2024 » au Parc Montsouris (Wojciech Kruczek, piano)

    « Chopin au Jardin – 2024 » au Parc Montsouris (Wojciech Kruczek, piano)

    Nouveau dimanche du festival « Chopin au jardin » au parc Montsouris. Il fait grand beau temps aujourd’hui. C’est au tour de Wojciech Kruczek de se produire. Jeune pianiste polonais virtuose, multi-primé dans différents concours. Il joue pour la première fois à Paris dans une atmosphère estivale bon-enfant. Coiffure années 1930, grosses lunettes, il porte beau son nœud-papillon sur un costume claire à pochette et il nous emballe avec des pièces de Chopin (jouées sans partition) et leurs cascades de notes si dynamiques. Lors des passages primesautiers de cette musique de cœur il suit le rythme presque jazzy avec de légers mouvements des épaules. Il salue les quatre côtés du kiosque avec un large sourire entre chacune des pièces. Il est l’air heureux et détendu, nous aussi.

    Le Nocturne op. 48 amène un peu de tragique dans l’atmosphère avant le final éclatant et joyeux de la Polonaise op. 53. Quel plaisir que ce festival et ces pianistes invités de si grand talent.

    CHOPIN au jardin, Wojciech KRUCZEK (23/06/2024)

    Programme

    • Polonaise en sol bémol majeur, op. posthume
    • Fantaisie sur des airs polonais en la majeur, op. 13
    • Quatre Mazurkas, op. 30
    • n° 1 en do mineur
    • n° 2 en si mineur
    • n° 3 en ré bémol majeur
    • n° 4 en do dièse mineur
    • Étude en ut mineur, op. 10 n° 12 (Révolutionnaire)
    • Grande Valse brillante en mi bémol majeur, op. 18
    • Nocturne en do mineur, op. 48 n° 1
    • Polonaise en la bémol majeur, op. 53 (Héroïque)
  • Au musée Rodin de Paris

    Au musée Rodin de Paris

    Un dimanche d’été à l’hôtel Biron qui abrite un musée Rodin rénové en 2016. Le bâtiment de XVIIIe est imposant, le jardin à la française charmant, nous sommes dans le VIIe arrondissement, en face des Invalides. C’est le poète Rainer Maria Rilke qui a présenté ce vaste hôtel particulier à Rodin qui en a fait son atelier en 1908 avant d’en faire don à l’Etat après sa mort en 1917, avec un grand nombre de ses œuvres.

    On parcourt les 18 grandes salles pleines de lumières et de boiseries à la poursuite du génie de Rodin, ses influences, dont sa collaboration avec Camille Claudel bien sûr, des grandes œuvres à ses petits bijoux et toujours le même émerveillement devant la douceur et la sensualité des corps rendues dans le bronze, le marbre ou le plâtre.

    Je donne à l’État toute mon œuvre en plâtre, marbre, bronze, pierre, et mes dessins ainsi que la collection d’antiques que j’ai été heureux de réunir pour l’apprentissage et l’éducation des artistes et des travailleurs – Je demande à l’État de garder en l’hôtel Biron qui sera le musée Rodin toutes ses collections, me réservant d’y résider toute ma vie.

    Auguste Rodin, 1909

    En sortant rue de Varenne on jette un œil sur la terrasse arborée du dernier étage de l’immeuble qui nous fait face, face au musée et aux Invalides. Un quartier plutôt chic.

    Lire aussi :
    Exposition Rodin au Grand Palais
    Balzac par Rodin

  • Des obsessions politiques qui polluent la campagne électorale

    Des obsessions politiques qui polluent la campagne électorale

    La campagne électorale pour les élections européennes du 9 juin dernier avait été centrée sur la guerre à Gaza, largement attisée par le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI). Cela n’a pas empêché le Rassemblement national d’arriver en tête avec 31,4% des suffrages exprimés. La campagne en cours pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet, provoquées par la dissolution de l’assemblée nationale le 9 juin au soir, est centrée sur l’antisémitisme. Ces deux sujets sont certes importants pour la bonne marche du monde mais devraient l’être un peu moins dans le cadre de campagnes électorales françaises.

    Qu’importe, les partis qui font la course en tête, le Nouveau Front populaire (NFP dont LFI est le principal membre) et le Rassemblement National (RN, droite radicale) ont trouvé là des os à ronger et des motifs d’attaquer l’adversaire. Et ils s’en donnent à cœur joie, ressassant les mêmes slogans rageurs qui, sans doute, n’intéressent pas considérablement leurs électeurs et, surtout, n’orienteront probablement pas le vote des indécis, s’il en reste encore à ce jour.

    La droite, et ceux qui s’en réclament sur les plateaux télévisés, cherche par tous les moyens à faire dire à LFI que le Hamas (mouvement qui gouverne la bande Gaza et dont la branche armée a lancé et exécuté les massacres du 07/10/2023 en Israël) est un mouvement terroriste. Les membres de LFI s’y refusent car ils considèrent que ce mouvement s’est défendu le 7 octobre et ne peut pas être considéré comme terroriste. Ils le croient sans doute très sincèrement et restent sur cette position en refusant de prononcer ce qualificatif de « terroriste ». Ils ont le droit de prendre cette position et de l’afficher, accessoirement ce sentiment doit être partagé par une partie de leur électorat. Il est improductif de perdre du temps à essayer de les faire changer d’avis, d’autant plus que c’est une position historique de l’extrême gauche française qui n’est pas nouvelle. Le parti LFI est transparent sur ce point et leurs électeurs se positionnent en conséquence.

    Lire aussi : L’extrême gauche française est extrême

    La droite radicale du RN saisit cette occasion pour se refaire une virginité et passer sous le tapis son histoire antisémite. On se souvient des sorties tonitruantes et des plaisanteries nauséabondes de Jean-Marie Le Pen le fondateur du Front National qui s’est transformé en Rassemblement National après un coup de balai donné pour rompre les liens avec les membres du parti les plus voyants dans leur antisémitisme, y compris le patriarche. Les plus anciens qui ont fréquenté les universités françaises dans les années 1970 se souviennent des combats extrêmement violents menés entre les milices du GUD (Groupement Union Défense d’extrême droite) et celle du BETAR (mouvement de jeunesse juif sioniste radical, que l’on peut aussi qualifier d’extrême droite) qui en ont laissé plus d’un sur le carreau. L’antisémitisme est une vieille histoire en France, comme d’ailleurs dans une partie de l’Europe. C’est surtout un drame de la bêtise rendu encore plus aigüe par les nouvelles religiosités qui s’emparent des masses. L’exploit est qu’aujourd’hui le RN arrive à se présenter comme le défenseur des Français de confession juive. Quel retournement ! C’est, au moins, une réussite marketing.

    Ce débat qui pollue le processus électoral en cours est vain. Bien entendu il doit rester quelques nazillons au RN et quelques staliniens au NFP, comme dans le reste de la société française d’ailleurs. On n’arrivera jamais à éliminer complètement ces idéologies mortifères. L’essentiel est de s’assurer que les institutions de notre vieille République restent suffisamment solides pour maintenir les digues empêchant leur généralisation, c’est ce qu’on appelle l’Etat de droit, notion tellement contestée par les extrêmes du moment qui privilégient le populisme. Cela reste le cas pour le moment. Mais les barrières contre l’abrutissement des masses restent fragiles et doivent être constamment consolidées.

    Et, pour revenir au sujet des élections législatives françaises, le mieux est de laisser les électeurs se prononcer en leurs âmes et consciences et ils auront ce pour quoi ils voteront, les extrêmes, le centre ou la chienlit.

  • « Paris brûle-t-il ? – Quand le cinéma réinvente la Libération » au musée de la Libération de Paris

    « Paris brûle-t-il ? – Quand le cinéma réinvente la Libération » au musée de la Libération de Paris

    1964 le livre « Paris brûle-t-il ? » est publié par le célèbre duo d’écrivains franco-américains Dominique Lapierre et Larry Collins. Le livre est inspiré de la libération de Paris qui eut lieu vingt ans auparavant. Un peu récit, un peu roman, il retrace les grands faits qui ont rendu cet évènement possible. Le titre repose sur la question qu’aurait posé Hitler au Gal von Choltitz, commandant militaire de la place en ce mois d’août 1944 après lui avoir donné l’ordre de détruire la ville plutôt que de la livrer intacte aux alliés. Le livre et le film présentent Choltitz comme celui qui n’a pas appliqué les instructions de son chef et aurait ainsi « sauvé » Paris de la destruction. Les historiens ont montré depuis que nombre d’ouvrages avaient été minés et que si l’ordre d’allumer les mèches n’avait pas été donné c’était plus en raison des circonstances, l’insurrection de Paris était lancée, que de la bonté d’âme du général.

    Le film est réalisé par René Clément deux années après la publication du livre sous forme d’une superproduction hollywoodienne ressemblant par certains aspects au film « Le jour le plus long », film américain légendaire sorti en 1962 sur le sujet du débarquement du 6 juin 1944.

    L’exposition revient sur les circonstances de tournage du film et particulièrement les interférences de celui-ci avec la politique. Nous sommes en 1966, 22 ans après la Libération, nombre des acteurs de cette époque sont encore vivants et le Parti communiste français (PCF) est très puissant. Chacun veut s’assurer que le film va présenter une image positive de sa participation aux évènements. Le choix des acteurs est fait généralement en accord avec les personnages réels, ou leur famille lorsqu’il ne sont plus vivants : Bruno Crémer pour le Colonel Rol-Tanguy, Alain Delon pour Chaban-Delmas, Claude Rich pour le maréchal Leclerc. Les acteurs jouant Hitler et Choltiz sont stupéfiants de réalisme. Des interviews de certains d’entre eux sont montrées sur des écrans, et parfois même aussi leurs rencontres avec les personnes qu’ils interprètent.

    L’exposition revient de façon très intéressante sur les choix de réalisation qui ont amené à enjoliver certaines actions, en censurer d’autres, pour rester « politiquement correct ». Le PCF semble avoir été particulièrement attentif à la manière dont fut représenté son rôle dans la Libération de Paris. Le colonel Rol-Tanguy, militant communiste, chef des Forces françaises libre (FFI) de Paris en août 1944, membre du comité central du parti à l’époque du tournage, est même délégué par celui-ci auprès du réalisateur en une sorte de « conseiller mémoire » chargé de veiller aux intérêts du PCF dans le film.

    Des images d’époque ont très directement inspiré certaines scènes du film et le musée présente des montages du réel et de la fiction. Certaines autres archives n’ont pas été utilisées, sciemment, pour ne pas nuire à l’image de la résistance : celles des femmes tondues ou des actes de vengeances exercées contre des soldats allemands prisonniers. Des courriers d’époque montrent combien producteur, réalisateur et acteurs ont été sensibles aux aspects politiques de la représentation de la Libération dans leur film, au risque de prendre quelques libertés avec la réalité.

    Figure aussi une lettre de Maurice Papon, alors préfet de police de Paris, au réalisateur sur des considérations d’occupation de l’espace public durant le tournage, c’était avant qu’il ne devienne ministre sous la présidence Giscard d’Estaing en 1978, puis qu’il soit condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour son implication dans la déportation de juifs durant la seconde guerre mondiale alors qu’il était secrétaire général de la préfecture de la Gironde. Son procès retentissant a mis à jour toutes les ambiguïtés du personnage qui fut également en contact avec les réseaux de résistance à la fin de la guerre. Il bénéficia d’ailleurs de nombreux témoignages en sa faveur durant son procès. Il rentrait dans la catégorie des « vichysto-résistants ». Il n’évita pas la condamnation à 10 ans de prison mais fut libéré au bout de trois ans, pour « raisons médicales » et décéda en 2002.

    La vie et le procès de Papon démontrent combien la vraie vie peut être trouble et ses fils difficiles à démêler. Le film « Paris brûle-t-il ? » a opté quant à lui pour une vision manichéenne de l’histoire, c’est ce qui fait le défaut principal de cette épopée et l’intérêt de cette exposition qui rétablit la réalité de façon intelligente.

    Lire aussi : Musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin

  • « Chopin au Jardin – 2024 » au Parc Montsouris (Aleksandra Bobrowska, piano)

    « Chopin au Jardin – 2024 » au Parc Montsouris (Aleksandra Bobrowska, piano)

    Les villes de Varsovie et de Paris s’unissent chaque veille d’été pour organiser un festival Chopin sous le kiosque du parc Montsouris. C’est le quinzième anniversaire cette année, chaque dimanche après-midi du mois de juin se succèdent des pianistes, généralement polonais si l’on en juge par leurs noms pleins de consonnes. Aujourd’hui c’est Aleksandra Bobrowska qui se produit sur un piano à queue abrité des intempéries sous l’abri. A défaut d’acoustique appropriée de ce lieu en plein air, l’instrument est légèrement sonorisé pour que les spectateurs dispersés autour du kiosque soient dans les meilleures conditions possibles. Le résultat est techniquement parfait. Et il est artistiquement époustouflant. La musique de Chopin se prête magnifiquement à cet environnement champêtre et guilleret. Les cris des enfants qui jouent au manège pas loin et ceux des perruches vertes qui volètent entre les arbres au-dessus s’accordent bien avec l’atmosphère joyeuse et le déluge de notes. Valses et mazurkas jouées de mains de maître nous emportent bien loin dans toute la profusion et la légèreté de cette musique et nous font oublier les quelques gouttes de pluie qui font sortir les parapluies des spectateurs.

    CHOPIN au jardin, Aleksandra BOBROWSKA (16/06/2024)

    Programme

    Contredanse en sol bémol majeur, op. posthume

    Galop en la bémol majeur, op. posthume (Galop Marquis)

    Trois écossaises, op. 72 n° 3

    Polonaise en la majeur, op. 40 n° 1 (Militaire)

    Valse en la mineur, op. posthume

    Valse en mi mineur, op. posthume

    Valse en do dièse mineur, op. 64 n° 2

    Valse en ré bémol majeur, op. 64 n° 1 (Minute)

    Grande Valse brillante en mi bémol majeur, op. 18

    Polonaise en ré mineur, op. 71 n° 1

    Mazurka en si bémol majeur, op. 7 n° 1

    Mazurka en la mineur, op. 17 n° 4

    Mazurka en do majeur, op. 24 n° 2

    Mazurka en ré majeur, op. 33 n° 3

    Mazurka en do dièse mineur, op. 63 n° 3

    Polonaise en la bémol majeur, op. 53 (Héroïque)

  • Le programme du « Nouveau Front Populaire »

    Le programme du « Nouveau Front Populaire »

    Alors que le « Nouveau Front Populaire » (NFP), alliance multipolaire réunissant la gauche radicale propalestinienne (LFI), le parti socialiste (PS) ou le nouveau parti anticapitaliste (NPA), le ministre des finances Bruno Le Maire s’égosille dans les médias sur le caractère « marxiste » de ce programme. A première lecture il est vrai qu’il ne semble pas vraiment inspiré par les Chicago boys ou autres penseurs du libéralisme. Mais comment s’en étonner quand on connaît les idées de ses rédacteurs, des concepts qui sont d’ailleurs parfaitement publics et affichés depuis des années par les partis membres de cette coalition.

    Oui ce programme est marxiste et n’est pas sans rappeler celui mis en place en 1981 sous l’égide du président socialiste Mitterrand. Rappelons simplement au plus jeunes que le programme de 1981 a tourné court au bout de deux ans quand il n’y eut plus de sous dans la caisse. Le PS de l’époque s’est ensuite converti aux vertus du libéralisme mais il lui a fallu d’abord passer par le test en grandeur réelle de l’économie « marxiste ». Son successeur, le PS d’aujourd’hui se souvient sans doute de la leçon mais il lutte pour sa survie après le score de sa candidate aux dernières élections présidentielles, Anne Hidalgo, qui a rassemblé seulement 1,7% des suffrages… Pour conserver un nombre minimum de députés élus, le PS est obligé de s’allier avec le loup qui pourrait le dévorer.

    En attendant ce programme sera appliqué si une majorité est donnée par les électeurs au NFP.