C’est la finale du Festival des Inrockuptibles ce mardi soir à l’Elysée Montmartre. Quatre groupes au programme à partir de 18h pour terminer avant la deadline incontournable à 23h pour cause de couvre-feu urbain.
Nouvelle Vague ouvre le feu et nous sert la quasi intégralité de son disque qui caracole en tête des ventes. Deux gamines sucrées qui susurrent les standards punks de l’époque de leurs parents, accompagnées du guitariste arrangeur (qui, lui, a du hanter les concerts du Clash) et d’un clavier. Robe-noire-collants-verts, robe-blanche-bottes-crèmes, elles sont douces sur Love Will Tear Us Apart (Joy Division), langoureuses sur Making Plans For Nigel (XTC), rythmiques sur Just Cant Get Enough (Depeche Mode), émouvantes sur This Is Not A Love Song (PIL), polissonnes sur Too Drunk To Fuck (Dead Kennedys), décidées sur Guns Of Brixton (The Clash), originales sur le bonus de la soirée Ever Fall In Love des Buzzckoks. Quelle merveilleuse idée que ce disque de reprises qui coule comme un filet d’eau fraîche dans une gorge assoiffée. On a envie de leur refourguer tout notre catalogue de classiques pour qu’elles les ré-assaisonnent à leur sauce toute en rondeurs et bossa-nova. Sucrées-salées, aigres-douces, Camille et Mélanie s’en donnent à cœur joie sous la baguette inspirée de leur producteur et nous collent la joie au cœur lorsqu’elles s’arrosent en finale sous un déluge de bière.
Estelle prend la suite et installe son combo black pour un set soul-hip-hop. Huit garnements venus de Londres rappouillent sur les ziggouillis d’un DJ en casquette à l’envers. Ca reste globalement mélodique et ponctué de messages peace & love délivrés par Estelle affublée d’un turban de mama sénégalaise. Pas inoubliable !
LCD Soundsystem entre ensuite en piste et on parle un autre langage avec ce gang dur et hargneux venu de New York. Retour sur une électronique urbaine en noir et blanc. C’est fort et violent, définitivement dance et agrémenté de ritournelles à la New Order jouées par une petite asiatique cachée derrière des fils et ses machines, fondue dans une incroyable rythmique soulignée à l’occasion par deux bass. James Murphy, leader-chanteur, est immense à la tête d’un show incendiaire mené sans respiration. Le rideau noir retombe sur un set de braises, la température de l’Elysée est sérieusement montée sur le mercure du beat. Pour ceux qui en redemande, on retrouve LCD aux cotés de The Rapture et d’autres sur la récente compilation mijotée par DFA, le nouveau label hype lancé par EMI et… Murphy.
Tout le monde est en retard et lorsque que les Soul Wax, groupe phare de cette soirée, entrent en scène, ils n’ont que 20 minutes avant l’extinction des feux. Juste de quoi faire saliver l’assemblée et monter le plaisir. La scène s’ouvre sur un ensemble de lignes verticales noires et blanches et nos flamands tous de noir vêtu qui alternent entre leurs instruments à manches et à cordes, et des boîtes à électronique qui font couler la lave. On a juste le temps de se forger l’image d’un groupe inspiré de Kraftwerk mâtiné de Devo déchaînant le feu hypnotique du 21e siècle sur nos esprits dérangés, et Soul Wax plie bagage sous les huées des festivaliers frustrés par ce coitus interomptus affichant des doigts d’honneur à un parterre de VIP branchouilles dégustant des coupes de champ à la balustrade de l’Elysée Montmartre. Les Inrokuptibles, bon prince et incorruptibles, annonceront le lendemain un nouveau concert de Soul Wax en janvier, gratuit pour les rescapés qui auront conservé leur souche de billet. Il y a une morale, même au royaume de la dance.