Beautiful Losers

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Arte a diffusé en 1997 un merveilleux documentaire : Beautiful Losers, ou les pérégrinations vitales de Willy De Ville, Marianne Faithfull et Leonard Cohen, troubadours désespérés, transformés en créateurs inspirés par les affres de la drogue. C’est une ballade triste mais sereine dans les années 60’ qui ont engendré parmi les plus belles pages du Rock’n Roll.

Tout ce petit monde, désormais à l’abri du besoin mais sans ostentation, se penche avec une nostalgie analytique sur un passé fondateur de la musique qui a bercé plusieurs générations depuis. Un passé de désastre et de fracture qui a trouvé son aboutissement dans une création artistique apaisée pour ces survivants quinquas.

A leur écoute on ressent du soulagement d’être présents pour raconter. Il n’y a plus d’amertume face à leur révolte défaite. La poésie a comblé le vide et la perte, la musique a stoppé les artistes au bord du gouffre. L’art a vaincu la déchirure, finalement ! Il a sauvé l’essentiel !

Les voix de notre trio sont doucement troublantes, des voix décavées, usées par l’alcool et la nicotine, extraites des profondeurs de la souffrance qui n’est jamais loin. La légèreté des années 60s a fondu dans leurs expériences tragiques. Leur quête constante pour transcender les peurs de notre siècle s’est libérée dans une énergie revigorante bien qu’un soupçon désabusée, forgée au cœur d’une solitude créatrice qui a pris le pas sur la vie communautaire d’antan.

On sent des artistes matures, en paix avec eux-mêmes, simplement en lutte avec le processus d’écriture et de composition si exigeant, ne voulant rendre des comptes qu’à leur public et à leurs muses. Qu’il en soit ainsi pour encore de longues années !

A la fin du DVD, Leonard Cohen, tranquillement accoudé à la fenêtre de sa cuisine de Los Angeles récite calmement quelques strophes de son poème A Thousand Kisses Deep :

Don’t matter if the road is long,
don’t matter if it’s steep,
don’t matter if the moon is gone
and the darkness is complete,
don’t matter if we lose our way
it’s written that we’ll meet,
at least, that’s what I heard you say
a thousand kisses deep.

I loved you when you opened
like a lily to the heat
you see, I’m just another snowman
standing in the rain and sleet
who loved you with his frozen love
his second hand physique
with all he is and all he was
a thousand kisses deep.

I know you had to lie to me,
I know you had to cheat,
you learned it on your father’s knee
and at your mother’s feet,
but did you have to fight your way
across the burning street
when all our vital interests lay
a thousand kisses deep.

I’m turning tricks,
I’m getting fixed,
I’m back on boogie street,
I’d like to quit the business
but I’m in it, so to speak,
the thought of you is peaceful
and the file on you complete
except what I forgot to do
a thousand kisses deep.

Don’t matter if you’re rich and strong,
Don’t matter if you’re weak,
Don’t matter if you write a song
the nightingales repeat,
don’t matter if it’s nine to five
or timeless and unique,
you ditch your life to stay alive
a thousand kisses deep.

The ponies run
the girls are young
the odds are there to beat,
you win a while, and then it’s done
your little winning streak,
and summon now to deal with your invincible defeat
you live your life as if it’s real
a thousand kisses deep.

I hear their voices in the wine
that sometimes did me seek,
the band is playing Auld Lang Syne
but the heart will not retreat,
there’s no forsaking what you love
no existential leap
as witnessed here in time and blood
a thousand kisses deep.

Leonard Cohen
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