Isobel Campbell et Mark Lanegan au Trabendo ce soir, l’attelage improbable de l’ex-chanteuse violoncelliste écossaise de Belle and Sebastian et d’un chanteur californien de Quenns of the Stone Age, qui développe une musique froide et mystérieuse comme une aurore boréale sur la nuit polaire.
Mark a rencontré Isobel à Glasgow à l’occasion d’un concert des Quenns… Ces deux la partiront à Los Angeles mêler leurs humeurs maussades et aériennes pour sortir ce petit joyau de Ballad of the Broken Seas qu’ils nous jouent ce soir agrémenté de quelques nouveautés.
Il a la voix éraillé d’un vieux bluesman usé par la route, la vie, le bourbon et les cigarettes. Elle a la grâce, blonde et éthérée, d’un ange descendu des Highlands, un pays où la vie est rude. Ils chantent un blues/folk/pop mélancolique et subtil, touchant et minimal. Elle susurre des mots à peine audibles sur la voix toute en basse de son partenaire. Elle est l’auteur de ces compositions qui évoquent les grands espaces et le vide ordinaire de nos vies, à l’image des photos du disque prises dans la chambre d’un motel au milieu de nulle part.
Il ne se passe rien sur scène, juste deux musiciens qui discrètement nous délivrent leur bande sonore, innovent et dérivent de leurs chemins habituels, se retrouvent pour fusionner sur une nouvelle route. Et quand Isobel s’empare de son cello, c’est encore un peu plus de nostalgie entêtante qui descend sur nous : Against my will to these sad shores/ An unknown force has drawn me/ Bound unto a future shaped by ancestors before me/ Day on day I march the beat to someone else’s drum/ I have searched far foreign lands there’s nowhere left to run…
Un petit rappel et s’en vont silencieusement, nous laissant dans nos rêves inachevés du miracle d’une rencontre musicale et exigeante partagée avec nous le temps d’une soirée parisienne. Simplement de la musique et de l’émotion, du talent et pas de prétention.