Une très jolie découverte que le dernier disque d’Ultra Orange & Emmanuelle, remake inspiré du Velvet Underground que l’on a tant aimé. Ce soir concert un peu mondain : la mezzanine est réservée VIP et on voit dans la fosse des costards-cravates inhabituels en ce genre de circonstances. Emmanuelle Seigner, actrice, attire un peu de monde people pour un lancement sur sa nouvelle orbite de rockeuse.
Le warm up est mené de main de maître par les Mellino un duo guitariste-chanteur / chanteuse-percussionniste qui nous offre un set manouche avec une guitare d’une incroyable virtuosité et notamment une version gitane de Jumping Jack Flash d’anthologie, avec de guitare électrique joué par l’ingénieur du son devant sa console !
Le concert de UO&E démarre sur les accords obsédants de Rosemary’s Lullaby, BO de Rosemary Baby de Roman Polanski, ci-devant époux d’Emmanuelle qui déboule en veste mauve dans un océan de blondeur. Sa voix est un peu hésitante, elle n’est pas encore habituée aux planches du Rock. Ces balbutiements touchants la rapprochent de Nico que l’on croit revivre sur scène. Et puis elle pose ses cordes vocales au bon endroit et affirme sa propre présence sur cette musique profonde écrite par Pierre Emery, guitariste-compositeur du groupe. Gil Lesage la deuxième fille de la bande joue d’une guitare désossée où les cordes agissent directement sur l’électronique pour produire un larsen sans fin digne du solo de Fripp sur Heroes. La rythmique est là où on l’attend.
Leur récent disque (mars 2007) est joué intégralement avec des montées de tensions sur Touch My Shadow, Won’t Lovers Revolt Now où Pierre laisse parler la poudre et harcèle sa guitare, les riffs claquent, Emmanuelle crie, se déhanche sauvagement :
Remember to forget me/ And don’t forget to remenber this:/ Nobody will touch my shadow.
Le Bataclan est aux anges, le groupe se fait plaisir et en rajoute avec une reprise de I’m Sick Of You d’Iggy qui alterne arpèges saccadées avec déchaînements soniques. Emmanuelle suit le mouvement.
Des moments d’intimité également, guitare acoustique sur tabouret, accords lancinants et voix cajoleuse : Simple Words, One Day (en rappel) où la subtilité des compositions de Pierre émeut des spectateurs conquis. Le show se termine sur un deuxième rappel et le célèbre tango de Piazzolla , I’ve Seen That Face Before, également popularisé par Grace Jones, et par ailleurs musique du premier film d’E : Frantic.
Le groupe se congratule devant le Bataclan qui tire son chapeau. UO&E une grande et joyeuse surprise, un amateurisme très éclairé doublé d’une vraie énergie qui rappelle la fraîcheur punk avec en bonus la richesse des compositions.