Laetitia Shériff au Point Ephémère, un endroit un peu glauque sur le canal Saint-Martin, entre la place Stalingrad et le siège du parti communiste, un bord du quai où se mélangent sdf et nightclubbers.
Le concert étonnant d’un trio mené avec aisance par cette bassiste/ chanteuse/ compositrice, en robe brune avec deux couettes de pawnee, tendue au début du show, relaxée au fur et à mesure du déroulement d’une musique parfaitement maîtrisée.
Autour d’elle un guitariste, virtuose funambule sur la corde des effets électroniques, lutin déchaîné improvisant sur des boucles répétitives, musicien félin griffant les oreilles des miaulements sans fin de sa guitare ; un batteur qui imprime des rythmes syncopés et obsédants. Laetitia délaisse parfois sa bass pour pianoter sur un petit clavier, elle chante d’une très jolie voix guidée par une inspiration urbaine. Des sourires sur une musique sombre, une Siouxsee & the Banshees de la crise. Et toujours ces rythmes en boucles, ponctués des déchirures de la guitare du maestro des cordes (Olivier Mellano). Il y a du King Crimson dans cette obsession répétitive.
Son dernier disque Games Over est joué dans l’ambiance intimiste de cette petite salle. Une œuvre mystérieuse, des mots (anglais) amères et corrosifs : Men die/ Books lie/ Tears fly/ Ladies shy/ Goodbye… Une artiste déjà aboutie qui mérite un succès bien au-delà de l’estime.
En première partie Mansfield.TYA deux jeunes femmes qui se passent violon, guitares et batterie pour former un duo charmant et complice.