TV On The Radio, le groupe dont on parle, labellisé par les plus grands (Bowie), est à Paris pour un concert au Bataclan. Musiciens de Brooklyn, résolument modernes, définitivement urbains, merveilleusement blacks, on craint un peu l’effet de mode mais on découvre un vrai groupe inventif, aux compositions complexes et au comportement abordable.
Un guitariste-chanteur à la barbe foisonnante et un chanteur-platineur en chemise écossaise, tous deux sur le devant, des têtes d’étudiants intello à grosses lunettes sortant de l’université Patrice Lumumba. Un batteur rasta hirsute, un bassiste-platineur sous son bonnet et un deuxième guitariste (blanc) tatoué et mal rasé jouant d’une 6 cordes à rayures roses comme un gamin avec son camion de pompiers. Le ton est donné et le show est lancé.
Rythmes tressautants, guitares stridentes, overdubs gargouillants, notre chanteur binoclard donne un incroyable spectacle, passant de ses platines à des percussions, jouant avec sa voix du grave au plus aigu, se déplaçant à reculons en une espèce de moon-walk pogo-post punk.
Le style de la musique est inclassable : rock, soul, jazz, une intéressante fusion réalisée par ces musiciens gloutons d’influences multiples qui nous resservent une mixture étrange, à l’apparence déstructurée, à l’harmonie parfois dissonante, mais dont ils détiennent la clé et qu’ils déroulent avec rigueur pour le plus grand plaisir d’un Bataclan (complet depuis longtemps) qui se réjouit de cette originalité déconcertante.