Le Gabon malin

Giscard dit d’Estaing accuse Chirac de s’être fait financer sa campagne présidentielle de 1981 par l’argent de Bongo, feu le président du Gabon décédé il y a quelques jours. Outragé celui-ci jure ses grands dieux qu’il n’en fut rien. Il semble que malheureusement une partie de l’argent injecté dans les économies africaines par la coopération ou les entreprises françaises ait été récupérée par les mécanismes de financement occulte de la politique hexagonale durant des années, d’où les affaires diverses et variées qui ont émaillé l’actualité judiciaire de la Françafrique ces dernières décennies. Ce n’est pas brillant, c’est même carrément déplorable, la responsabilité des corrompus se mélange à celle des corrupteurs. Il y a deux choses qui sont certaines : (i) la politique française ne ressort pas grandie de tels agissements qui sans doute perdurent encore sous une forme ou sous une autre, (ii) tous les partis français ont mangé dans cette soupe au fumet nauséabond et sont donc mal placés pour se rejeter la balle.

Dernière certitude, le Gabon qui est un équivalent émirat pétrolier continue à se traîner dans les bas-fonds du sous-développement pour sa population.

Quant à Bongo, outre le financement de la démocratie française, il prenait un malin plaisir à afficher sur les murs de son bureau les photos de ses rencontres avec tous les présidents de la Vème République et leurs affidés, les Foccart, Le Floch Prigent, Tarallo et autres soldats perdus de la Françafrique. La stabilité de ce président gabonais fut sa force. Il en a joué avec subtilité pour obtenir ce qu’il voulait, notamment de l’annulation de dettes à répétition ce qui relève du tour de force (et du scandale financier) vu la richesse de son émirat, mais il a été bien plus fort en toutes occasions que l’ex-colonisateur empêtré dans les affres de la démocratie.