Un documentaire sur le groupe américain The Doors : When You’re Strange ; pas inoubliable si ce ne sont les rushes d’un film tourné à l’époque (qui n’a jamais dû sortir) où l’on voit un Morrison christique, barbu, seul au volant d’une vieille Mustang au milieu d’un désert. Le réalisateur insiste un peu trop sur les dérapages de Jim qui ne sont sans doute pas l’aspect le plus intéressant de ce groupe dont la musique a survécu au temps. Le texte est lu en « off » par la voix de Johnny Deep.
Evidemment l’autodestruction dans laquelle se lance consciencieusement Morrison est désarmante et plutôt désespérée. Arrivé à la musique, à laquelle il ne connaissait rien, par la poésie, il s’est imposé non seulement par sa personnalité lumineuse mais aussi par la puissance de son groupe : Ray Manzareck, ami de de l’université de Los Angeles, aux claviers avec la particularité de jouer de la bass de sa main gauche sur un clavier-basse en même temps que la mélodie et les accords de la main droite sur un autre clavier, Robby Krieger à la guitare et John Densmore à la batterie. Krieger compose certains des morceaux les plus célèbres des Doors et joue avec un style très personnel inspiré de sa formation au flamenco. C’est l’époque du flower-power, tout ce petit monde californien est épris de transcendance, de psychédélisme et de poésie.
Nous sommes à la fin des années 1960, la guerre bat son plein au Vietnam (le propre père de Jim est amiral dans la Marine en poste dans ce pays, le chanteur n’a plus de relation avec sa famille…), Martin Luther King et les Kennedy sont assassinés, la bataille pour les droits civiques des noirs aux Etats-Unis est violente, la drogue fait des ravages, Jimi Hendrix et Janis Joplin meurt de surdose, les hippies sont en train de perdre leurs illusions. Morrison s’éloigne du groupe, publie des recueils de poésie s’exile à Paris avec sa « fiancée cosmique » Pam Courson, où il décède le 03/07/1971 dans des conditions restées un peu mystérieuses mais une issue hélas inévitable tant, à 27 ans, son corps était au bout de ce qu’il pouvait endurer à force d’excès, de drogue et d’alcool. Pam héritera des droits de « son Jim » et le suivra dans la mort trois années plus tard d’une surdose d’héroïne…
La musique inspirée des Doors fut la bande son d’une époque pour des Etats-Unis déboussolés, le dernier éclat d’un monde hippie qui allait bientôt laisser la place au mouvement punk !