Amy Macdonald lance son European arena tour au Zénith de Paris. Le succès aidant, les choses sont conçues en un peu plus grand : la salle tout d’abord (pas complètement remplie il me semble), le groupe qui compte un sixième musicien (guitare et claviers) et le décorum en une espèce d’arche en milieu de scène encadrant le vaste écran du fond, sur l’une et l’un seront projetées des images peu originales. L’assemblée attend sagement son héroïne, l’âge moyen n’est pas bien élevé.
Le groupe entre en scène pour démarrer An ordinary life avant qu’Amy ne rejoigne son petit monde, montée sur ses hauts talons, habillée d’une jolie robe à motifs bleus, nouvelle coiffure choucroutienne, toujours maquillée comme une voiture volée, des yeux bleus de glace, on pourrait croire à une présentatrice de TF1, mais dès qu’elle s’empare de sa guitare folk et se rapproche du micro, la magie se fait et le plomb se transforme en or.
Une voix chaude à peine marquée par les pompes saccadées imprimées à sa guitare rythmique, elle emmène son groupe sur des compositions toujours délicates. Ils joueront les deux disques aujourd’hui disponibles : This is the life un vrai succès d’estime qui a lancé la Miss, et A curious Thing un succès commercial non démenti semble-t-il.
Amy affiche toujours un peu de distance, mais laisse parler son cœur lorsqu’elle joue. Qu’elle s’époumone comme une cantatrice sur Run, qu’elle nous envoute de sa voix caressante sur les accords mineurs de Trouble soul ou qu’elle se retire du devant de la scène pour martyriser sa guitare, les lèvres pincées, légèrement penchée en arrière comme pour mieux laisser son bras droit mouliner ses cordes ; elle nous charme toujours par une touchante sincérité et des mélodies folk désarmantes de simplicité qui vont droit à l’âme.
Et lorsqu’elle qu’elle introduit This is the life en nous rappelant qu’elle a écrit cette chanson à 17 ans sans jamais imaginer qu’elle serait un jour n°1 dans plus de dix pays, on est ému avec elle et on prend encore un immense plaisir à écouter une énième fois cette entraînante comptine : And you’re singing the songs/ Thinking this is the life/ And you wake up in the morning and your head feels twice the size/ Where you gonna go?
Le rappel est démarré sur une très belle reprise de Born to run de Springsteen, manifestement l’un des inspirateur d’Amy qui jouait jusqu’ici Dancing in the dark et se termine sur le classique Let’s start a band.
Tout ceci est bien sage et bien rangé. Même si Paul Weller (ex-The Jam) a participé au dernier disque, on y sent guère de révolte, mais plutôt les tourments d’une adolescente inspirée qui devient adulte et dont la musique est le viatique. On aurait tort de s’en priver, en espérant que ce talent déjà bien né puisse évoluer naturellement vers la maturité et encore nous surprendre.