Patti Smith à Paris ouvre le premier de ses deux concerts à l’Olympia sur Dancing Barefoot… un voile d’émotion tombe sur une assistance déjà conquise ;
Patti, poétesse, musicienne, écrivaine, artiste alternative qui a inspiré nos générations, partagé des bières au Chelsea Hotel avec William Burroughs et Jimi Hendrix, scandé Horses au CBGB du New-York underground entre Television et les Ramones, chanté à Charleville-Mézières sur la tombe de Rimbaud, écrit une bouleversante déclaration d’amour à Robert Maplethorpe avec ce merveilleux livre Just Kids ;
Patti, parisienne de cœur, décorée par la République dans l’ordre des Arts et des Lettres, résidente de l’Olympia ou de la salle Pleyel ;
Patti, qui a l’air de n’avoir jamais changé ni de jeans et ni de t-shirt depuis toutes ces années, Patti est de nouveau parmi nous, entourée par deux de ses historiques et fidèles musiciens : Lenny à la guitare et Jay Dee à la batterie.
Patti, une voix à la profondeur chaque année plus abyssale et hantée qui fait frémir ses auditeurs ;
Patti, papillon virevoltant entre littérature, photographie, écriture et musique ;
Patti Smith ce soir était en balade à Paris, rien de nouveau dans sa besace, juste le plaisir de partager une œuvre chargée d’émotions et parsemée des jalons qui ont marqué plusieurs générations.
Et alors que les guitares ne marchent plus, pendant que les roadies s’agitent pour changer l’ampli de Lenny, Patti nous raconte comment Bruce Springsteen lui avait proposé la musique de Because the Night sur une cassette qu’elle a longtemps laissé traîner sans l’écouter. Un soir qu’elle attendait un appel de Fred « Sonic » Smith (son mari, décédé prématurément, père de ses deux enfants, ancien guitariste du MC5) elle a enfin introduit la cassette dans un lecteur… et composé les paroles de ce qui allait devenir l’un des hits les plus explosifs de la planète rock. Bien sûr elle nous le joue ces deux soirs.
Patti, sereine face à la mort de tant de ceux qu’elle a croisés et qui l’ont inspirée (elle est une survivante), rend hommage à Loulou de la Falaise, seule avec une accordéoniste en chantant une émouvante « petite chanson » : In Dreams I’m There for You.
Patti, bavarde comme jamais joue une intro amusante et interminable à la guitare acoustique où elle nous raconte sa vie sur une rythmique basique comme si nous étions au zinc du bistrot d’à coté.
Et puis Patti déchaînée nous sert un final dantesque, les deux soirs, sur Rock ‘n’ Roll Nigger qui clôt les shows, le poing levé, délivrant son incantation smithienne :
All is chaos/ We must fight/ We must occupy/ We must love/ We must rule the world/ Our only weapon is the electric guitar/ Because we are THE PEOPLE/ And “People have the power”/ And THE FUTURE IS NOW!
Et après avoir cassé une à une les cordes de sa guitare elle a laissé pantois un parterre multi générationnel épuisé et enthousiaste. Notre déesse du rock et de la poésie met tout le monde d’accord devant tant de sincérité. C’est beau et inutile, mais cela fait du bien pour où cela passe : le cœur et l’âme !
Set list du 22 novembre : Redondo Beach/ Dancing Barefoot/ Birdland/ My Blakean Year/ Free Money/ Cash/ Black Leaves/ Closed Eyes/ It’s a Dream (Neil Young cover)/ Beneath the Southern Cross/ Ain’t It Strange/ Night Time (The Strangeloves cover)/ (We Ain’t Got) Nothing Yet (The Blues Magoos cover)/ Born to Lose (The Heartbreakers cover)/ Pushin’ Too Hard (The Seeds cover)/ My Generation (The Who cover)/ Because the Night/ Pissing in a River/ Land/ Gloria (Them cover)
Encore : People Have the Power/ Rock ‘n’ Roll Nigger
Voir aussi : les photos de Roberto