Le risque de l’investisseur

Les agences de notation se préparent à dégrader les pays européens, et la France en particulier. Ce phénomène des agences est très intéressant en ce qu’il illustre aussi l’obsession du capitalisme à tout externaliser, même ses fonctions les plus vitales. En l’occurrence « les investisseurs », disons les banques et intermédiaires financiers pour faire simple, qui gèrent nos sous, les placent dans différentes catégories d’actifs (prêts aux entreprises, aux particuliers, aux Etats, placements spéculatifs, etc.) et elles n’ont plus les capacités d’évaluer les risques de ces actifs alors elles se basent sur les notes délivrées par ces trois agences. Le plus rigolo est que ces banques sont elles-mêmes notés par ces agences et, comme pour les Etats, les notes reçues déterminent le risque qu’elles encourent à se prêter les unes aux autres.

En gros chacun se refile le mistigri et la responsabilité d’évaluer les risques échoit finalement à ces trois agences. Le monde financier, et au-delà, s’est défaussé de ses responsabilités sur elles. Du coup il était facile de faire l’autruche la tête dans le sable et de continuer à prêter à des emprunteurs non solvables en perdant le plus élémentaire bon sens. Et quand la catastrophe arrive on peut dire « c’est pas moi c’est l’autre ». C’est ce qui a été dit contre les agences de notation en 2008 qui du coup sont plus sévères en 2011 et se le font aussi reprocher. Elles ne sont qu’un élément d’un système capitaliste devenu fou par le fait de décisions humaines et pas par l’opération du Saint-Esprit. La crise de la dette porte bien son nom : c’est un problème de dette, donc de prêteurs et d’emprunteurs, pas d’agences de notation. Ces dernières peuvent jeter un peu d’huile sur le feu, avec plus ou moins de mauvaise foi ou d’incompétence, mais elles n’ont pas créé le problème grec ou français et elles ne le résoudront pas. Le redressement des finances publiques sera le fait de nos gouvernements et donc des citoyens. Et l’on se rappelle le frappant exemple du récent lobbying qu’un quarteron de sénateurs impotents qui a réussi à faire reculer l’Etat qui voulaient rétablir le taux de TVA normal de 19,6% sur les billets d’entrée aux parcs