Kerviel-le-trader-fraudeur, suite, audience du 8 juin :
– Le tribunal : vous dîtes que vos chefs savaient parce que les mails que vous leur adressiez étaient incohérents, c’est ça ?
– Le tribunal : mais je ne comprends pas : si tout le monde savait, pourquoi perdre du temps à donner des explications fictives ?
– Kerviel-le-trader-fraudeur : l’invraisemblabilité [sic] de mes explications ne pouvait leurrer personne.
– Kerviel-le-trader-fraudeur : pour sauver les apparences et couvrir la hiérarchie.
– Le tribunal : mais vis-à-vis de qui si « tout le monde sait » ?
– Kerviel-le-trader-fraudeur : vis-à-vis de l’extérieur.
– Le tribunal : mais qui : les commissaires aux comptes, les organes de contrôle ?
– Kerviel-le-trader-fraudeur : oui.
– Le tribunal : je ne comprends toujours pas : si vos explications sont invraisemblables, comment espérer qu’elles leurrent les commissaires aux comptes ou les organes de contrôle ?
La présidente du tribunal produisant les faux emails à en-têtes falsifiées par Kerviel-le-trader-fraudeur :
– Le tribunal : pourquoi prendre le risque de faire des faux qui ne trompent personne ?
– Kerviel-le-trader-fraudeur : pour sauver les apparences.
– Le tribunal : parce que la banque a besoin de vous pour sauver les apparences ? Bon. Mais quel est leur intérêt ?
– Kerviel-le-trader-fraudeur : de me faire sauter au bon moment.
– Le tribunal : Ah ! Pouvez-vous vous expliquer plus clairement ?
– Kerviel-le-trader-fraudeur : j’avais mon utilité. En 2007, la crise des subprimes avait commencé à se propager. Pour la banque une grosse perte latente était prévisible. Il lui fallait donc faire sauter un Jérôme Kerviel.
– Le tribunal : mais c’est quand même vous et pas la Société Générale qui avez pris, entre le 3 et le 18 janvier 2008, une position non autorisée de 50 milliards d’euros ?
– Kerviel-le-trader-fraudeur : Oui.
– Le tribunal : alors la Société Générale aurait prévu en 2007, dans un plan concerté à l’avance, de vous laisser prendre pour 50 milliards de positions en 2008 afin de vous faire ensuite porter le chapeau de la crise des subprimes ?
– Kerviel-le-trader-fraudeur : oui, j’étais un fusible.
– Le tribunal : vous leur avez donc drôlement rendu service alors !
Puis sur une intervention de l’avocat mondain qui évoque la théorie du complot, la présidente s’énerve :
– Le tribunal : je veux un témoin qui puisse témoigner sous serment et contradictoirement. Très solennellement, la cour vous demande des documents dont elle puisse débattre. Je fais du pénal depuis des décennies et je peux vous dire que je n’ai jamais vu cela ! Vous avez développé une théorie, nous sommes prêts à l’entendre mais il nous faut des preuves maintenant
A suivre lundi prochain. La théorie du complot est lancée, il faut voir si elle pourra être étayée. La réalité de l’incompétence de la Société Générale est désormais avérée, d’ailleurs la banque a été condamnée à une amende de plusieurs millions d’euros pour défaillance de contrôle par l’autorité de contrôle des banques. L’incompétence n’est pas pénalement punie en soi par le Loi, par contre elle pourrait valoir un coût supplémentaire à la banque si l’Etat, du coup, revenait sur la déductibilité de la perte de 5 milliards d’euros comme l’annonce Le Canard Enchaîné cette semaine.
Ce qui est d’ailleurs rigolo dans l’affaire c’est la récente plainte déposée par Kerviel-le-trader-fraudeur contre la Générale l’accusant d’avoir masqué que la perte réelle n’est pas de 5 milliards, mais de 5 milliards moins 33% correspondant à l’économie d’impôt générée par la déduction de cette perte. Kerviel-le-trader-fraudeur feint d’ignorer qu’à l’inverse, les remboursements qu’il fera à la banque si sa condamnation à payer 5 milliards est confirmée en appel, seront eux taxables, et donc au bout les 180 000 années de remboursement la déduction fiscale de 2008 aura été effacée par la réintégration fiscale des remboursements.