Graham Parker – 2013/09/24 – Paris le New Morning

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Ce vieux chenapan de Graham Parker revient parmi nous. Il vient de reformer The Rumour avec la sortie de Three Chords Good et une tournée au Royaume-Uni. On aurait aim voir la petite bande à Paris, mais c’est Graham seul qui se produit au New Morning, dans l’intimité de peut-être 100 ou 150 spectateurs de cette petite salle habituellement plutôt dédiée au jazz.

Quel bonheur de voir ce fameux rocker, en chair et en os, avec nous pour ce show, petit nerveux encore aujourd’hui du haut de ses 63 ans, ses éternelles et énormes lunettes de soleil sur le nez. Il est né avec une guitare en bandoulière et une très jolie inspiration pour décrire le monde autour de lui, pas toujours très gai. Mais surtout avec une incroyable énergie que lui et sa Rumour ont répandu sur les salles de concert des années 70’s. Ils auraient dû dynamiter la scène rock mais hélas, ils n’ont rencontré qu’un succès d’estime auprès des initiés. A tel point que la Rumour, sans doute un peu fatiguée de la galère a trahi le maître au début des années 80 pour aller jouer avec Garland Jeffreys. L’histoire ne dit pas s’ils ont regretté ou non ce choix délicat, mais toujours est-il que les voici revenus au bercail pour cette mini-tournée britannique de Graham Parker & The Rumour.

Depuis les années 80’s, Graham tournait seul, sortait des disques avec des collaborations diverses, y compris celle de Brinsley Schwarz, guitariste de la Rumeur ! Exilé aux Etats-Unis le garçon a continué à faire la seule chose qui le motive : produire et jouer de la musique. Accessoirement il écrit et publie des romans bien déjantés et maintient un site web décapant !

Tout ça fait vivre le bonhomme qui nous avoue quand même : « getting old, sucks », ce que la majorité des quinquas/sexas présents savent déjà, hélas.

Mais qu’importe, ce soir est un moment de musique et chacun retrouve sa jeunesse avec Graham Parker qui lui contrairement à la majorité d’entre nous, continue à être productif.

A la guitare acoustique ou avec sa Pinkie rose (une guitare électrique fabriquée sur ses indications et siglées GP, en vente chez tous les bons luthiers) il nous charme de sa voix rocailleuse et nous ballade dans son univers : White Honey, Howling’ Wind, Heat Treatment, mais aussi des extraits de Three Chords Good : Long Emotional Ride, au sens plus introspectif et moins colérique qu’à ses débuts: I thought I was a cold cold man/ As a writer you have to be/ Got to observe everything from a distance recorded for posterity/ But lately I’ve been hearing things/ That I never have before/ Maybe I’m just getting older someday but somethings broken my Resistance and opened the door/ Cuz’ its a long long emotional ride/ Long long long emotional ride…

Ironique et bavard, il nous raconte sa vie longuement entre les morceaux, se moque gentiment de lui-même et du Monde, mais toujours pour revenir à la musique qui est la meilleure forme d’expression qu’il connaît, qu’il maîtrise et… que nous partageons. Sa voix si particulière serait les suites d’une maladie infantile mal soignée, elle est depuis sa marque de fabrique et se coule au mieux avec ses rythmes rock et reggae. Certaines de ses ballades sont bouleversantes : Squeezing Out Sparks, une chanson sur l’avortement qu’il ne chantera pas ce soir. Bruce Springsteen fait les vocaux avec lui sur la chanson Up Escalator de l’album éponyme et leur duo est enthousiasmant. L’homme est reconnu par les plus grands, il a su mener une carrière musicale magnifique même si trop discrète aux yeux de ses vrais fans.

L’inévitable Eric Nauleau est présent ce soir, cultureux télévisuel, le chroniqueur médiatique soutient Graham Parker et l’édite depuis des années. Il a même commis un livre : Parkeromane sur son héros. On ne va pas lui reprocher. Par contre, il ne peut s’empêcher de vouloir briller et monte sur scène pour introduire le rappel sur Hey Lord Dont Ask Me Question, un célèbre tube de… 1978. Mis à part la prestation du mondain Nauleau dont on aurait pu se passer, le show est touchant, même légèrement nostalgique : Graham Parker seul devant seulement 100 parisiens, un peu tristoune quand même vu la dimension du personnage. Mais notre héros est toujours là, écrivant et jouant de la musique comme jamais, alors prenons cet instant de bonheur sans penser au reste.