Bob Dylan est à Paris pour trois soirées. Un mythe de la culture américaine, mondiale et de la musique folk. 73 ans, musicien, poète, peintre, observateur de la vie sociale, engagé politique, amoureux flamboyant lorsqu’avec Joan Baez il défilait contre la guerre du Viêt-Nam, inspirateur majeur de la musique du XXème siècle, annoncé pour le prix Nobel de littérature, décoré par la majorité des pays de la planète… bref, une référence de la culture occidentale n’avait plus joué à Paris depuis 20 ans.
Sa venue déclenche une ferveur certaine dans le monde intello-médiatique français, et même politique puisqu’il semble que le principe de la remise de sa légion d’honneur ait été discuté pour cause d’apologie de la drogue…, finalement tout est rentré dans l’ordre et la République a décoré le grand homme.
L’entrée du Grand Rex est cernée par des clones de Dylan qui jouent Blowin’ in the Wind pour les spectateurs faisant la queue pour gagner leur place à plus de 100 euros.
Bob Dylan est devant nous ce soir, coiffé de son éternel chapeau Stetson et habillé en Santiag et cravate cow-boy. L’homme est fragile, un peu chancelant devant son micro et chaudement soutenu par ses musiciens dont Charlie Sexton à la guitare. Dylan lui ne jouera pas de guitare, on dit ses doigts handicapés par le rhumatisme. Par contre il joue du piano debout et sort son harmonica de temps à autres.
Sa voix, de tous temps nasillarde, est maintenant dévastée par les années, et sans doute les cigarettes. A peu près incompréhensible pour ceux qui ne connaissent pas par cœur les vers du poète, il termine certaines phrases par des décrochements dans le aigus comme un adolescent en pleine mue. C’est étrange mais on ne s’y arrête pas.
Il paraît planer sur le nuage du vieil homme qu’il est devenu, proche de la sagesse. Sans trop d’attention pour son public énamouré, guère plus jeune que le héros. Il joue son concert et tient son rôle, celui d’un mythe qu’il n’a jamais voulu être, rejetant avec constance le rôle de porte-parole d’une génération que la critique a voulu accrocher à ses vestons.
Il est probablement l’un des musiciens les plus repris de toute l’Histoire du rock et tant de débutants ont gratouillé leurs guitares sur Blowin’ In The Wind.
Le concert est organisé en deux sets entrecoupés d’un entracte. Le rappel se termine bien sûr sur Blowin’ In The Wind : How many roads most a man walk down/ Before you call him a man?/ How many seas must a white dove sail/ Before she sleeps in the sand?/ Yes, how many times must the cannon balls fly/ Before they’re forever banned?/ The answer my friend is blowin’ in the wind/ The answer is blowin’ in the wind.
Le public touché par cette légende dont il a partagé les visions, quitte doucement le théâtre en sifflotant dans le vent de ses illusions perdues.
Setlist : Set 1
Things Have Changed/ She Belongs to Me/ Beyond Here Lies Nothin’/ What Good Am I?/ Duquesne Whistle/ Waiting for You/ Pay in Blood/ Tangled Up in Blue/ Love Sick
Set 2
High Water (For Charley Patton)/ Simple Twist of Fate/ Early Roman Kings/ Forgetful Heart/ Spirit on the Water/ Scarlet Town/ Soon after Midnight/ Long and Wasted Years
Encore : All Along the Watchtower/ Blowin’ in the Wind