Voyage au bout de l’enfer

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La République Centrafricaine poursuit sa descente vers l’enfer et l’on se demande où s’arrêtera cet effondrement. La presse internationale raconte par le menu des scènes de lynchage, diffuse jusqu’à la nausée des photos d’enfants blessés ou tués à coups de machettes… Bref, une régression humaine que la communauté internationale essaye d’enrayer, du bout des doigts.

La France post-colonialiste a beaucoup pêché dans ce pays, maintenant une présence militaire lourde, entretenant des conseillers occultes des années durant, entre proconsuls et repris de justice, pour manipuler ce dérisoire et sanguinaire confetti de l’empire. Il n’est que de relire le Voyage au Congo de Gide, publié en 1927, pour y découvrir comment sa caravane y fut pillée à Bossangoa par la population locale mais aussi les pratiques détestables des colons français de l’époque. Plus récemment j’ai vécu deux années dans ce pays, encore et toujours en guerre civile, entre rébellions militaires et coups d’Etat, de 1996 à 1998, et je n’ai souvenir que de pillage généralisé, anarchie complète, conflits ethniques et violence fauve. A l’époque lorsqu’un voleur était attrapé par la population, et quel que soit son âge, on l’attachait à un poteau, on lui plantait un clou dans la tête qui lui transperçait le cerveau le laissant mourir à petit feu au soleil. J’ai vu un de mes collègues rafalé, c’est-à-dire se faire déchiqueter les jambes par une rafale de Kalachnikov par des coupeurs de route, des bandits de grand chemin ayant élevé le pillage au rang d’unique mode de vie, le tout dans les vapeurs d’alcool.

Pour bien faire il faudrait mettre ce pays sous tutelle mais ce n’est plus dans l’air du temps, et, même si l’ONU en décidait ainsi, qui voudrait assurer cette tutelle de toute manière vouée à l’échec et au rejet ? Alors la communauté internationale fait ce qu’elle peut, assurant le service minimum lorsque le niveau de violence dépasse les bornes de la décence et se faisant plaisir avec de beaux discours sur la démocratie et l’organisation d’élections. Il est regrettable que la France soit en première ligne dans cette affaire car son rôle négatif d’ancienne puissance coloniale fait qu’elle est régulièrement rejetée par la population, mais après tout nous nous devons d’assurer une responsabilité collective sur le mal qui a été fait à ce pays, alors buvons le calice jusqu’à la lie et faisons attention de ne pas trop traîner dans cette Afrique centrale dont la France n’arrive pas à s’extraire depuis les indépendances dans les années 60 !