Les bétonneurs réunionnais réclament des subventions

Le coté racoleur de notre société d’aujourd’hui s’illustre désormais très régulièrement par des adresses au président de la République, au gouvernement ou à certains de ses membres, par des corporations qui publient de pleines pages dans la presse pour expliquer à Mme. Michu combien lesdites corporations sont malheureuses et maltraitées. Nous avons eu ces dernières semaines les notaires, les avocats et quelques autres, nous avons aujourd’hui les bétonneurs de l’Ile de la Réunion qui réclament des mesures de défiscalisation additionnelles pour l’immobilier dans leur département d’outre-mer (DOM).

La défiscalisation, rappelons-le, consiste à faire financer par les contribuables n’en bénéficiant pas, la baisse des impôts de ceux qui en bénéficient. En gros, on crée une niche fiscale pour favoriser l’investissement dans tel ou tel secteur ou région. En ne payant pas (ou moins) d’impôt sur son investissement l’investisseur en améliore la rentabilité et sera en principe plus incité à investir dans ce secteur ou cette région. Le problème est bien entendu que comme toute mesure de faveur elle crée des jalousies et provoque des perversions sous formes d’investissements purement fiscaux ou non productifs, voire même de malversations. Et les niches fiscales dans les DOM-TOM ont un long passif à cet égard.

La conséquence de ces niches est une baisse immédiate certaine des recettes de la République en échange d’une potentielle augmentation plus tard. Dans certains cas cela est efficace, dans d’autres, pas. Dans tous les cas il faut financer la baisse immédiate des recettes et l’on compte sur le reste des contribuables pour ce faire, entreprises et ménages.

Il est toujours croquignolet de voir le secteur économique privé réclamer des hausses de subventions publiques en leur faveur par l’Etat, hausses qu’ils devront financer d’une façon ou d’une autre avec les ménages. C’est une bonne illustration de la schizophrénie française qui consiste à déconnecter les recettes et les dépenses publiques et à croire que l’on peut à la fois réclamer des hausses de dépenses et des baisses de recettes, ou vice-versa !

Heureusement ces encarts commerciaux sont qualifiés de « Publicité » par les journaux sérieux afin que Mme. Michu, s’il lui prenait la fantaisie de les lire, comprenne qu’il s’agit d’une demande corporatiste et non d’une investigation journalistique. Accessoirement ces publicités font vivre la presse, c’est sans doute là leur principale fonction sociale.

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