Les négociations menées entre l’Etat et la société Ecomouv qui était en charge de collecter l’écotaxe et dont le contrat a été résilié sous la pression des corporatismes viennent d’aboutir sur le principe d’un dédommagement de 839 millions d’euros en faveur de cette entreprise privée qui avait déjà réalisé des investissements significatifs, dont les fameux portiques routiers qui avaient déclenchés l’ire des corporatistes bretons, entre autres, qui en avaient détruit un certain nombre.
La loi instaurant cette écotaxe était l’une des rares en France à avoir été votée à l’unanimité au parlement suite au Grenelle de l’environnement, un machin mis en place par le pouvoir précédent pour gérer la transition écologique et qui se dégonfle comme une vieille baudruche. L’esprit était de faire payer les utilisateurs du réseau routier en fonction de leur utilisation : plus on est lourd et plus on roule, plus on paye. Un principe qui n’est pas illogique. Mais lorsqu’il s’est agi de franchir le pas et de percevoir la taxe écologique sur les citoyens-électeurs, plus personne n’était là, opposition comme majorité, ministres comme élus, ont expliqué que finalement cet impôt était une fausse bonne idée et de justifier cette reculade avec moult arguments.
Evidemment, le produit de cette taxe devant initialement financer l’entretien du réseau routier et le développement des transports alternatifs il a bien fallu augmenter un autre impôt pour rapporter les 1,2 milliards d’euros annuels nécessaires et on a taxé le gas-oil, notamment. Comme souvent en France on balance le mistigri sur une autre corporation moins bruyante.
Ce nouvel épisode de l’immobilisme français n’est pas vraiment brillant, et il est très dispendieux. Outre les 839 millions de dédommagement à verser à Ecomouv, il ne semble pas exclu que d’autre entreprises impliquées dans le projet ouvrent des litiges contre l’Etat pour rupture abusive de contrat, générant ainsi d’autres charges à payer par le contribuable. Sans parler bien entendu de l’aspect écologique du dossier que l’on passe sous le tapis.
Il ne serait pas inutile que les dirigeants expliquent calmement, chiffres à l’appui, les tenants et aboutissants de ce dossier, sans forcément prendre parti pour un camp ou un autre, mais plutôt pour détailler sur quoi se fonde une décision (quand même votée à l’unanimité par les députés), et pour illustrer pourquoi et comment on a dû changer d’avis, mettre en avant les dysfonctionnements de la République qu’il convient d’améliorer. C’est ce qu’on appelle de la pédagogie et apprendre de ses erreurs, ce qui trancherait avec la propagande participative érigée désormais en mode de fonctionnement. Ce serait l’honneur d’un dirigeant de procéder ainsi.
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