Indécence et beaufitude

Un grave accident de la circulation fait 43 morts sur une petite route du sud-ouest. Aussitôt les chaînes de télévision s’emparent du sujet avec la délectation morbide qui leur sied si bien en de telles circonstances et la perspective d’amélioration de leurs recettes publicitaires qui ira de pair avec la croissance de leur audience.

France 2 a immédiatement créé son petit logo-en-bas-à-droite-de-l’écran « collision mortelle » et dépêché ses reporters à travers la France pour « couvrir l’évènement ». Evidemment l’accident s’étant déroulé le matin même personne ne sait bien encore comment expliquer un tel tragique bilan mais tout le monde échafaude, envisage, imagine, raconte ce qui aurait pu se passer sur cette route tragique. Le plus piquant pour les journalistes est que la majorité des morts sont des retraités en goguette tous issus du même petit village. Tous les ingrédients sont réunis pour un 20H mémorable.

Les journalistes se rendent dans le village, filment les familles en pleurs qui ne savent pas même encore si leurs proches sont morts ou vivants, interrogent au hasard des rues : « c’était votre mère ? », « que savez-vous ? », « on ne vous dit rien, comment est-ce possible ? », « que ressentez-vous ? », etc…

La Marie Drucker avec sa dégoulinade de cheveux noirs sur l’épaule en profite même à la fin des 20 mn du journal consacré à l’accident pour conseiller aux téléspectateurs de télécharger l’application « FranceTVInfo » pour pouvoir continuer à suivre en direct les prochaines étapes de l’affaire. Ca ne peut pas faire de mal !

Comme à chaque exploitation du tragique par la presse racoleuse on reste confondu devant tant d’indécence et de beaufitude. Comment peut-on délivrer des cartes de presse (et l’accès aux niches fiscales qui vont de pair pour leurs titulaires) à de tels profiteurs de gogos ? Nous le savons depuis longtemps, la presse à la recherche d’audience est, avec le fouteballe, très fortement génératrice d’abrutissement des masses, mais parfois les bornes de la décence sont clairement dépassées comme ce soir, hélas.

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