La colonisation de l’Algérie s’est terminée par une guerre sordide de plusieurs années (la dernière où des appelés français ont été envoyés au front) qui aboutit à l’indépendance du pays, et des milliers de morts. La paix enfin signée, un million de colons français sont rapatriés en quelques mois de l’année 1962. Des supplétifs de l’armée française avaient été recrutés localement pendant ces années de guerre pour « défendre » les villages. Après les accords d’Evian mettant fin à la guerre, quelques dizaines de milliers d’entre eux furent rapatriés en France, les autres furent laissés sur place et massacrés ou emprisonnés. On parle aujourd’hui d‘environ 100 000 assassinats par vengeance, souvent après des tortures.
La France vient de reconnaître par la voix de son président de la République « les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines de ceux transférés en France ».
Ces règlements de compte étaient, hélas, inévitables comme à la fin de tout conflit armé où il y un vainqueur et un vaincu. Après toute guerre ou invasion, ceux qui ont collaboré d’une façon ou d’une autre avec l’envahisseur ont des comptes à rendre avec les vainqueurs. Quoi qu’on ait pu leur inculquer à l’école sur leur appartenance française, les harkis ont été vus (et le sont toujours) comme ceux ayant pris les armes avec l’occupant, la grande majorité d’entre eux ont payé de leur vie pour ça. Cela s’est passé en 1944 en France où l’épuration aurait fait 10 000 morts, cela s’est passé au Vietnam où nombre des collaborateurs des américains sont morts dans des camps de rééducation après 1975 ou noyés en fuyant par la mer (les boat-people), cela est en train de se passer en Afghanistan et en Irak avec ceux qui ont travaillé avec les troupes occidentales et cela se passera sans doute en Nouvelle Calédonie et dans les Départements d’outre-mer lorsque ces territoires prendront leur inévitable indépendance.
La colonisation fut une erreur historique qui n’a apporté qu’une puissance éphémère à des Etat colonisateurs égarés et surtout des siècles de problèmes récurrents à gérer ensuite. L’immigration en France par exemple, sujet si sensible aujourd’hui au cœur de la cité, est en grande partie le fruit de cette colonisation… Celle de l’Algérie fut un drame qui s’est terminé dans le sang et le déshonneur. Tous les ressorts de la barbarie humaine s’y sont exprimés des années durant, et tout ça pour quoi ? Pour une déroute. La morale aurait voulu que la République évacue, en plus des pieds noirs, ses supplétifs (et leurs familles) qui risquaient d’avoir des comptes à rendre avec les nouvelles autorités et les citoyens de l’Algérie indépendante. Cela aurait représenté quelques centaines de milliers de personnes de plus, en tout cas un flux très important qui aurait quasiment doublé le nombre de rapatriés. MonGénéral a, on imagine douloureusement, opté pour la raison d’Etat, pensant sans doute à l’impossibilité d’intégrer cette population à qui notre République colonisatrice attribuait un statut de seconde zone. La politique est violente et génère des positions terribles lorsqu’il s’agit de solder des errements sans espoir.
Les citoyens français portent la colonisation et la décolonisation de l’Algérie comme une tâche dans l’Histoire de leur pays et un fardeau sur leurs épaules. Ils sont contraints d’en assumer la responsabilité collective pour ne pas oublier ces erreurs colossales commises par leurs parents au nom de la République. Il y eut des dizaines de milliers de morts durant la guerre, une dictature militaro-marxisante ensuite. Après l’indépendance, les pieds noirs ont souffert lors de leur débarquement en France, les harkis qui n’ont pas pu être évacués en France ont été tués sur place. C’est une partie seulement du terrible bilan de cette désastreuse aventure coloniale.
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