Sortie : 1900
Il importe à 60 ans passés d’avoir lu Colette, le chroniqueur s’y emploie depuis peu pour rattraper ce temps perdu. Auteure prolixe, éditrice, actrice, journaliste, présidente de l’Académie Goncourt, grand Officier de la Légion d’honneur, médaillée de de l’Académie Arts-Sciences-Lettres, consommatrice de (trois) maris et de bien plus d’amants et d’amantes, Sidonie-Gabrielle Colette n’est sans doute plus beaucoup étudiée dans notre monde moderne, et pourtant quel talent ! La série des Colette sera d’abord signée de « Willy » le nom de son premier mari, avant qu’elle n’en récupère la maternité après leur séparation.
« Claudine à l’école » retrace la vie un peu fofolle d’une adolescente dans un village de province : Montigny, sans doute en référence au village de naissance de Colette dans l’Yonne. Ce roman certainement inspiré de la vie de son auteure (comme toute la série des Claudine) fit scandale lors de sa parution en 1900 ce que l’on peut comprendre compte tenu de sa description sans tabou des mœurs d’une époque, narrées pourtant avec élégance mais perspicacité, y compris la bisexualité, quand on avait plutôt tendance à les cacher, morale chrétienne et républicaine obligeant.
C’est dans un style léger et soigné que l’on suit les apprentissages de Claudine à la vie. Un père scientifique, aimant et négligeant la laisse plutôt seule pour cette découverte. Elle saura exploiter sa liberté pour faire les 400 coups à l’école, tourner en bourrique sa maîtresse vivant une histoire d’amour avec son adjointe, décrire le cirque communal des élus visitant régulièrement et avec un peu trop d’empressement l’école de jeunes filles, les réunions électorales très prisées pour les copieux repas bien arrosés. Elle y décrit aussi avec tendresse l’attachement à sa région, ses grandes promenades dans les bois et forêts avoisinants, une maison aux multiples recoins secrets et sa chatte Fanchette que l’on retrouvera dans les autres volumes.