Une ministre annonce au passage à la radio qu’à son humble et personnel avis il faudra se reposer la question d’éventuellement repousser l’âge minimum légal de départ en retraite actuellement de 62 ans. Elle est aussitôt noyée sous un déluge de critiques et se trouve forcée de démentir ses propos devant l’assemblée nationale. Le fait qu’un ministre doive avaler son chapeau n’est pas un drame en soi et ce n’est certainement pas la dernière fois que cela se produit, mais le véritable drame est que des responsables politiques intelligents, formés à l’école de la République, rémunérés par les contribuables, continuent à s’accrocher ainsi à de vieilles lunes dont ils connaissent bien le caractère dépassé.
Il est hélas devenu incontournable qu’une nouvelle réforme du système de retraite devra être mis en place. Celle qui est annoncée par l’exécutif devrait aller au-delà du simple réglage des paramètres habituels que sont la durée de cotisation et le montant des prestations. Aujourd’hui, à défaut de pouvoir jouer ouvertement sur le paramètre de la durée, on baisse subrepticement les prestations versées, en faisant varier l’ajustement des pensions à un niveau moindre que celui de l’inflation constatée par exemple. D’autres moyens plus sournois sont mis en œuvre comme l’accord pris par les partenaires sociaux (syndicats de salariés et du patronat) sur le bonus/malus sur les retraites complémentaires qui aboutit à repousser au-delà de 62 ans l’âge où le retraité touchera ses droits complémentaires pleins.
La grande majorité des pays qui entourent la France ont procédé au constat hélas criant que le nombre de cotisants aux systèmes de retraite baisse quand le nombre des prestataires augmentent. Ils ont pris les mesures nécessaires pour rééquilibrer les dépenses avec les recettes, celles-ci passant souvent par une augmentation de la durée de cotisation, mais pas uniquement.
La réforme qui s’annonce est gigantesque et devrait aboutir à unifier l’ensemble des systèmes existant pour mettre en commun les déficits des uns et les excédents des autres, mais aussi de refondre intégralement le dispositif d’acquisition des droits de façon que chaque euro gagné en période d’activité génère le même droit en prestation de retraite future ! Le simple sujet des 62 ans auquel s’accrochent désespérément quelques syndicats et partenaires antédiluviens ne sera qu’un détail de la tentative de nécessaire réforme. Celle-ci sera LE sujet économique et social de l’an prochain.