Le prélèvement fiscal « à la source »

Fin 2017 l’administration annonça la mise en œuvre du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu à partir du 1er janvier 2019. Cela consiste, en gros, à s’aligner sur les pratiques de quasiment tous les pays modernes et prélever l’impôt sur les revenus mensuels de l’exercice auquel ledit impôt se rattache. Réforme attendue depuis des décennies, promises par tous les gouvernements, votée par le parlement de gauche sous la présidence de gauche Hollande et finalement mise en œuvre sous la présidence de droite Macron. Ce fut immédiatement une longue litanie de critiques en tous sens, de plaintes nombrilistes, de doléances contradictoires, de revendications agressives, de pleurnicheries dérisoires, de geignements égoïstes, d’incapacité à voir le côté positif des choses, d’anticipations de catastrophes nationales, de révoltes populaires, d’arrêts de la croissance… Les plateaux télévisés étaient envahis d’experts mondains donnant des avis divers, contradictoires et opposés, de corporations expliquant comment elles allaient devoir mettre la clé sous la porte, et bla-bla-bla et bla-bla-bla.

Nous sommes en avril 2019 et a priori la planète continue de tourner. Plus personne ne parle de cette réforme qui est passée comme une lettre à la boîte. Il est vrai qu’entre temps d’autres révoltés se sont levés pour envahir la rue et ouvrir de nouveaux sujets de conflit. L’impôt sur le revenu est désormais prélevé à la source, l’affaire a été bien menée par l’administration, les bugs semblent avoir été en nombre limité, et la République a commencé à moderniser, un tout petit peu, sa jungle fiscale. Le pouvoir en place se garde bien de claironner sur cette réussite mais il pourrait avec élégance et un peu d’humour renvoyer quelques opposants à leurs contradictions, juste pour se faire plaisir !