GIONO Jean, ‘Colline’.

Sortie : 1929, Chez : Le Livre de Poche 590 (1962).

Le premier roman de Giono (1895-1970), dédié à la Provence montagnarde dont il est issu. C’est une histoire de rudes paysans qui vivent à quelques familles dans le hameau ‘les Bastides’ accroché à la colline, loin de tout, Manosque (la ville natale de l’auteur) est à des heures de marche. Et alors que l’un des vieux du hameau est à l’agonie, des phénomènes étranges et négatifs se produisent, dont un incendie qui faillit emporter tout ce petit monde et leur habitat, l’assèchement de la source…

Nous sommes sans doute au début du XXème siècle, époque où les croyances ancestrales se mêlent avec celles de la religion ; traditions, Bible et ignorance forment un redoutable cocktail. Après une lutte à l’arrachée contre les flammes, les hommes décident de s’attaquer à ce qu’ils croient être la source de leurs soucis !

Giono écrit la nature en Provence et ses habitants avec passion et un certain mysticisme. A la lecture de ‘Colline’ on sent l’odeur du thym sous les oliviers, on entend les cailloux rouler sur les chemins sous le pas des bergers et le chuintement de la source qui coule dans la fontaine au centre du hameau. Ses descriptions du vent qui franchit les sommets des montagnes ou des flammes qui ravagent la végétation sont d’une précision stupéfiantes et le lecteur voit littéralement ces évènements entre les lignes. Du très bel art !

Après avoir participé et survécut aux combats les plus terrifiants de la première guerre mondiale, Giono est devenu un pacifiste engagé, conviction qui lui fera prendre des positions et commettre quelques publications pro-Vichy durant la seconde guerre mondiale, certainement plus par haine de la guerre que par soutien à l’idéologie nazie.

Cet épisode regrettable ne l’empêcha pas de poursuivre la brillante carrière d’écrivain débutée avec Colline, jusqu’à sa mort en 1970.