La République prête à céder

Après s’être opposée en octobre 2019 à l’ouverture des négociations d’entrée dans l’Union européenne de l’Albanie et de la Macédoine du Nord, seule contre ses 27 partenaires, la France s’apprête à céder, comme c’était prévisible compte tenu de son isolement sur ce dossier. Elle obtiendrait en échange une réforme du processus d’adhésion, sorte de hochet distribué à Paris pour prix de sa compromission.

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L’adhésion de ces deux pays n’est pas encore actée et lesdites négociations si elles sont ouvertes par le prochain conseil européen de mai 2020 vont prendre des années. Il n’en reste pas moins que faire adhérer l’Albanie et la Macédoine est une hérésie technique et politique pour une Union européenne déjà paralysée dans ses décisions face aux intérêts tellement divergents de ses 28 membres. Affecter les sous des contribuables européens au financement de la mise à niveau économique et politique de ces pays est souhaitable. En revanche, les intégrer immédiatement avant leur mise à niveau sera un évident facteur de difficultés et, très probablement, de rejet par leurs populations.

Le Royaume-Uni qui aura quitté l’Union le 31 janvier prochain doit se frotter les mains face à cette nouvelle étape dans l’affaiblissement de l’Europe, d’autant plus que les prochains candidats sont la Serbie, le Kosovo (un « pays » qui n’est pas reconnu par l’ONU), la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro… Essayez d’imaginer le conseil européen avec Serbie, Albanie et Kosovo autour de la table ! Vous n’y arrivez pas ? C’est normal, la dernière fois que l’on a essayé il a fallu envoyer les F16 sur Belgrade pour calmer l’ardeur des combattants…