L’ex-dirigeant des groupes automobiles Renault et Nissan, sous contrôle judiciaire au Japon depuis un an pour de sombres histoires de détournement de fonds au détriment de ses employeurs, non déclaration de certains revenus et autres joyeusetés du même acabit, a quitté illégalement le Japon pour fuir au Liban, l’un des trois pays dont il détient la nationalité avec le Brésil et la France. Il va sans doute devoir y rester un moment car il est désormais l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la justice japonaise. On saura un jour si les accusations portées contre lui sont fondées ou non. Mais le plus important dans cette affaire n’est pas tant son volet illégal que son aspect légal : comment un mandataire social, fût-il un dirigeant efficace, a pu accumuler de tels revenus octroyés légalement par ses actionnaires ?
Il est en effet confirmé qu’outre sa rémunération annuelle de l’ordre de 17 millions d’euros il est bénéficiaire de retraites complémentaires, à verser jusqu’à sa mort par les groupes qu’il dirigeait, s’élevant à un total de plusieurs dizaines de millions d’euros. Ces montagnes d’argent ont été octroyées « normalement » et semblent être légales ; et c’est bien là une grande partie du problème. Avec de telles rémunérations on attise la rapacité de dirigeants-employés qui deviennent des accumulateurs compulsifs. Il n’y a rien qui puisse justifier des sommes aussi démesurées versées à un seul individu par une entreprise.
C’est l’un des travers du monde capitaliste qui devra un jour l’examiner de près car il est contre-productif. L’ex-dirigeant en fuite en est l’un des avatars, il n’est sans doute pas pire qu’un autre, il est juste l’un de ces forbans qui trustent les places de capitaines des grandes multinationales et dont la plus grande réussite consiste d’abord à faire croire à des actionnaires qu’ils sont irremplaçables.
Cerise sur le gâteau : il semble que l’appartement qu’il occupe actuellement à Beyrouth soit l’un des logements fastueux achetés par Nissan dans différentes capitales afin que son dirigeant puisse y séjourner au cours de ses voyages. N’étant plus le patron de Nissan il ne devrait théoriquement pas pouvoir résider dans cet appartement. Encore un mystère de cette affaire de peu d’intérêt.