La France et ses fromages

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 « Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromage ? »

Mongénéral

La théorie des 258 fromages ressurgit tous les jours en ces temps de pandémie de coronavirus. Le président de la République française a annoncé en début de semaine que le déconfinement des français va démarrer en principe le 11 mai par la réouverture des écoles mais sans doute un processus plus progressif pour les français considérés comme « vulnérables », les personnes âgées notamment.

Aussitôt était lancé le bal des pleureuses : « on réouvre les écoles trop tôt, comment s’assurer que des gamins de 5 ans puissent respecter les gestes barrières ? » disent les uns, « on ne peut pas ségréger les personnes âgées, c’est de la discrimination » se lamentent les autres. Le président aurait annoncé le déconfinement immédiat des personnes âgées mais provisoire des écoliers, les pleureuses auraient inversé leurs arguments.

Tout ceci est un peu décourageant… Nos sociétés sont habituées au « zéro risque » ou à ce que l’Etat assume tout pour eux. Nous sommes arrivés à une ère de déresponsabilisation globale des citoyens. La France a même constitutionalisé le « principe de précaution » en incluant l’article suivant dans la Chartres de l’environnement :

Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage.

Article 5 – Chartre de l’environnement

Depuis 25 ans il y a selon l’INSEE entre 520 et 620 mille décès « ordinaires » chaque année en France. L’épidémie actuelle a déjà fait environ 20 mille morts « directs » à ce jour. Il y en aura d’autres en attendant la mise au point de traitements et de vaccins. Comme il y aura probablement d’autres apparitions de nouveaux virus, certains dévastateurs, d’autres moins. Dans la situation actuelle il semble difficilement envisageable de garder le pays (comme la planète) à l’arrêt, il faudra bien redémarrer l’activité un jour ou l’autre. Les autorités ont décidé de lancer le processus ce 11 mai, de façon raisonnée, d’autres pays confinés adoptent plus ou moins un calendrier similaire. Appliquons-le avec intelligence, faisons confiance aux dirigeants qui font ce qu’ils peuvent avec l’aide de scientifiques et de praticiens. Ces gens n’ont pas pour objectif de décimer la population française mais d’encadrer ce retour à la vraie vie. Il reste encore nombre de questions sans réponses, des pénuries de matériel handicapantes, des théories qui s’affrontent, des spécialistes qui s’écharpent… Gouverner c’est choisir et donc prendre des risques. A la fin il faut bien prendre des décisions et il n’y en a pas d’incontestables ni de faciles. Dans le cas d’espèce il existe des mesures dîtes « barrière » qui permettent de limiter ces risques, suivons-les.

Bien sûr il va sûrement y avoir quelques gamins qui vont attraper ce virus du fait de leur retour à l’école, peut-être en mourir. Ce sera un drame indicible pour les familles concernées qui déclenchera à coup sûr des polémiques de plateaux télévisés sans fin. Mais c’est un risque que la collectivité s’apprête à prendre en cherchant à le contrôler autant que faire se peut. Nous sommes en présence d’une épidémie, personne ne l’a souhaitée et il faut bien faire avec. Son effet le plus immédiat est d’accroître le niveau de risque dans lequel évolue la société et ses citoyens. C’est ainsi.