On n’a pas encore bien compris pourquoi ni comment mais la France vient de changer de gouvernement en plein milieu d’une grave crise économique. Une telle décision entraîne au minimum six mois d’inertie et de réglages de périmètres pour les nouveaux ministres à mettre en place et les anciens qui redoublent dans une autre classe. Six mois durant lesquels ces ministres vont devoir passer du temps à découvrir leur nouveau job, nommer leurs collaborateurs, dézinguer ou refourguer les anciens, bref, prendre leurs marques pour faire le nouveau boulot pour lequel ils sont rémunérés par les contribuables que nous sommes.
En attendant d’être opérationnels il faut bien exister dans les médias et sur les réseaux dits « sociaux » alors on assiste à un festival de billevesées et de phrases aussi grandiloquentes que vides sens. Qu’on en juge :
A minima, nous devrons nous fixer un nouvel agenda social… [pour trouver un] compromis, qui n’est pas une compromission…
Castex (premier ministre)
[la méthode sera] un mélange de volontarisme et d’expérience, avec le souci de rassembler… Ouvrir des concertations (…) avec la nation, avec les partenaires sociaux, dans les territoires, avec tous les acteurs… [élaborer un] nouveau pacte social.
Quand vous aurez appris à me connaître, vous verrez que ma personnalité n’est pas soluble dans le terme de “collaborateur”.
Ou encore :
À chaque étape de la reconstruction de notre pays, nous aurons à cœur de ne laisser personne au bord du chemin. Cette reconstruction sera mise en œuvre par un gouvernement de mission et de rassemblement.
Macron (président de la République)
Qui porte une attention à ces slogans de circonstance au-delà des commentateurs de service ? Probablement pas grand monde tant ils manquent de sens et se limitent à ânonner des phrases toutes faîtes déjà servies et resservies par des générations d’élus. Le mieux, pour tout le monde, serait de ne pas les prononcer, personne ne s’en plaindrait, sauf peut-être les commentateurs de plateaux télévisés qui, du coup, devraient se consacrer à des choses intelligentes comme analyser le budget de la République ou l’évolution des prestations sociales versées par ladite République à ses citoyens.
La vraie disruption (pour reprendre un tic verbal à la mode) serait d’essayer un jour de ne pas diffuser ni commenter à l’infini ces billevesées et de n’en rien dire tant qu’elles ne sont pas remplacées par des engagements concrets basés sur des analyses chiffrées et solides, bref, ce qu’on appelle un programme politique. Hélas, il y a peu de chances qu’adviennent un jour une telle hypothèse tant nos sociétés décadentes compromettent chaque jour avec la dictature de l’info-Café-du-Commerce. Peut-être un jour…