Sortie : 1922, Chez : Editions Bernard Grasset / Le Livre de Poche 1062.
François Mauriac (1885-1970), prix Nobel de littérature en 1952, est un écrivain bordelais humaniste et engagé, qui a reçu une éducation très catholique du côté de sa mère qui a orienté son œuvre littéraire.
« Le baiser au lépreux » est un roman publié en 1922, au début de sa carrière , et qui déjà se penche sur le bien, le mal et le sacrifice, tryptique qui inspirera Mauriac dans nombre de ses œuvres. Jean Péloueyre est un garçon au physique ingrat qui épouse lors d’un mariage arrangé, par son père et le curé du village, une très belle jeune femme : Noémi. Malgré sa culpabilité très chrétienne, elle ne parvient pas à aimer son mari qu’elle trouve physiquement repoussant. Il en conçoit une amertume qui vire au désespoir et le fera fréquenter un ami tuberculeux afin d’attraper sa maladie et en mourir.
Une fois veuve, Noémi, ayant compris le suicide de son mari, désespérée se verra soumise à la « tentation » et y résistera pour se consacrer toute entière à la mémoire de ce mari si bon qu’elle n’a pas su aimer.
Ce roman illustre le mode de vie d’une génération corsetée dans des normes et modes de vie extraordinairement rigides, où l’empire des apparences et de la religion priment sur l’humain. Les lecteurs du XXIème siècle restent tout de même étonnés de le redécouvrir. La flamboyance des sentiments est merveilleusement analysée et rendue par l’auteur dont la fluidité et l’élégance du style forcent l’admiration.