Sortie : 2012, Chez : Editions du Seuil.
Un livre étrange centré sur le traumatisme vécu par David Grossman dû à la mort de son fils, Uri, soldat dans l’armée israélienne, tué à 20 ans lors de la guerre contre le Liban en 2006. Une grand partie de son œuvre tourne autour de ce drame. Son engagement pour la paix entre Israël et la Palestine a probablement été renforcé par cette perte.
« Tombé hors du temps » est écrit dans un style entre théâtre, poésie et récit. Un père quitte son domicile un jour sur les traces de son fils absent. Il rencontre sur la route d’autres personnages souffrant également du deuil d’un enfant et chacun chemine en développant son propre monologue retranscrit sur les pages sous forme de simili vers, ou plus exactement de phrases comme coupées par des renvois à la ligne aléatoires.
Et tous reviennent sur la souffrance de parents à la suite de la mort d’un enfant, jusqu’à s’enfouir dans la terre qui accueillit leur progéniture, pour la retrouver et lui demander son agrément pour continuer à vivre. Grossman place dans les pensées de ses personnages toutes celles qui l’assaillent depuis 2006 et la mort de son fils. C’est irréel et diffus, sans doute une sorte de tentative désespérée de thérapie face à un mal dont il ne se remettra jamais. Roman, théâtre, poésie, engagement politique… toute sa vie et son œuvre tournent autour de l’absence, qu’il partage avec ses lecteurs sans espoir d’en guérir mais peut-être juste avec la tentative d’y survivre.