« Manipulations, une histoire française » de Jean-Robert Viallet 1/6

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Jean-Louis Gergorin

L’affaire Clearstream est le sujet de cette série documentaire en six épisodes. Ce scandale politique du début des années 2000 a impliqué, entre autres, les ministres Sarkozy et Galouzeau de Villepin ainsi que l’établissement financier Clearstream. Il a surtout été à l’origine de phantasmes sans fin, de Madame Michu au personnel politique, en passant par des journalistes, des hauts fonctionnaires et des aigrefins.

Ce premier épisode commence fort en posant la personnalité des exécutants de cette triste affaire, à commencer par Iman Lahoud et Jean-Louis Gergorin. Le premier est un repris de justice, ex-trader dans une banque américaine à Londres, qui, immédiatement à sa sortie de la prison de la Santé, va se faire recruter par les services secrets français avec une couverture fournie par EADS (prédécesseur d’Airbus, fabricant d’armes, d’avions et de spatial) en faisant valoir sa connaissance (hypothétique) des circuits financiers du groupe Ben Laden. Gergorin, ancien diplomate, plus ou moins en liaison avec le renseignement français, nommé vice-président d’EADS après être passé chez Matra (ancêtre du groupe Lagardère, fabricant d’armes), et qui consacre une partie de ses fonctions à grenouiller avec d’anciennes relations dans les services secrets. On ne sait pas s’il le fait de sa propre initiative ou s’il est investi d’une mission officieuse, toujours est-il qu’au lieu de faire le boulot pour lequel il est payé, il réseaute, grenouille, magouille et il va croire sans le moindre doute le galimatias servi par le repris de justice Lahoud dont le frère, Marwan, travaille sous ses ordres chez EADS. Bien sûr apparaît également dans ce tableau le général Rondeau, le « maître espion » français dont les carnets allaient devenir fameux.

On a du mal à croire que ces corneculs incompétents et haut placés aient pu à ce point mener les organisations régaliennes dans lesquelles ils exerçaient un pouvoir immérité dans les dérives que les épisodes suivants vont nous détailler. C’est un dysfonctionnement majeur de la République des copains et des coquins dont on espère qu’elle s’est depuis corrigée !