Sortie : 1886, Chez : Calmann-Levy / Le Livre de Poche n°2271.
Pierre Loti (1850-1923) a été marin et navigué sur toutes les mers du monde. « Pêcheur d’Islande » raconte la rude vie des pêcheurs de Paimpol partant chaque année pour plusieurs mois sur les bancs de poissons autour de l’Islande, laissant dans leurs petits villages bretons femmes et enfants, fiancées et parents. Chaque année quelques bateaux ne reviennent jamais et les noms des marins ainsi disparus sont inscrits sur les plaques de marbre affichées dans les petites chapelles de granit qui peuplent le long des côtes.
Nous sommes à la fin du XIXème siècle et la navigation est périlleuse dans les parages du grand Nord. La France est de plus engagée dans des combats en Indochine et la Royale recrute ses marins en Bretagne. Yann et Sylvestre vont tous deux ne pas revenir l’un d’Islande, ni l’autre du Vietnam, laissant Gaud, récemment mariée au premier et cousine du second, éplorée.
Ce petit roman retrace la vie austère de ces bretons taiseux et durs à la souffrance. Il décrit avec délicatesse l’enchantement des paysages de ces côtes sauvages et la rude vie à bord des bateaux de l’époque où la pêche harassante était entièrement manuelle, entre tempêtes déchaînées ou grands calmes, brouillards sans fin propices à laisser divaguer les âmes vers les villages où ils ont laissé leurs amours et leurs soucis. Désespérée, Gaud va rejoindre le peuple des veuves de marins qui trottinent, toutes vêtues de noir, sur les sentiers de douaniers qui longent cette mer nourricière si cruelle.
C’était la vie de Bretons aimantés par la mer, condition de leur survie mais aussi, souvent, de leur désespoir.
En se promenant dans Paimpol, le visiteur peut découvrir aujourd’hui une petite notice historique expliquant que ce roman a sans doute été inspiré à Loti par une paimpolaise dont il a été amoureux…